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16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 11:07

Voilà une question qui me taraude depuis un bon moment et je le dis tout de suite, je n'ai pas la réponse. Pour le moment il s'agit juste d'une constatation : il y a beaucoup de célibataires dans le Nord et notamment dans les branches que j'étudie.

 

Quand on fait un arbre généalogique, on recherche des filiations et pour cela, il nous faut des mariages, ou, a minima des naissances d'enfants illégitimes. Or, je constate que beaucoup d'hommes et de femmes demeuraient célibataires dans la bourgeoisie du Nord. Si le pourquoi m'est encore inconnu, rien n'empêche d'émettre des hypothèses après avoir dressé le constat.

 

Prenons la famille Flory. Jean-Baptiste Flory (1726-1807), bourgeois de Valenciennes, bailli de la terre et du comté de Thiant a eu quatorze enfants avec son épouse. Hormis ceux dont on ne connait pas le destin, on compte cinq filles mariées, c'est tout. Les trois garçons qui ont, à notre connaissance, vécu, sont restés célibataires. L'un car curé, le deuxième greffier à Lille et le troisième directeur des moulins à Valenciennes. Des situations aisées qui auraient pu conduire à des mariages réussis dans les deux derniers cas. Une fille, Thérèse, ne s'est jamais mariée, une autre surnommée La Béguine, est restée pieuse femme.

Plus proche de nous, Jean Claude Garnier (1770-1829) a eu quatre enfants qui ont tous survécu. Un seul s'est marié, le frère agent comptable dans l'administration militaire est resté célibataire, ainsi que les deux filles.

 

Quelles hypothèses peut-on donner ?

Tout d'abord, concernant les filles, il faut savoir que les familles étaient très pieuses. Beaucoup sont qualifiées de "badariennes", c'est-à-dire de femmes faisant partie d'une congrégation laïque héritée de Françoise Badar, vivant pieusement, chastement, et enseignant à de jeunes filles pauvres l'art de la dentelle (la fameuse dentelle de Valenciennes). Mais les hommes ? Hormis les curés, ce qui se passe d'explications, les hommes sont dans le négoce, dans la justice, dans l'administration. Des postes enviables qui peuvent hisser socialement une famille. Pour autant, ils font le choix (?) de rester célibataire. On pourrait croire qu'ils ne trouvaient pas d'épouse de leur rang, toujours plus difficilement trouvable pour un notable que pour les autres, mais cela n'empêchait pas les notables de villages d'aller chercher dans un autre lieu une épouse ; là, on se situe dans de grandes villes, Lille et Valenciennes, voire Landrecies pour les militaires. Existe-il une tradition poussant les hommes au célibat ? S'agit-il d'un choix dicté par le fait de concentrer ensuite les richesses entre les rares descendants ? Ou un choix de vie ? Deux cousins proches, c'est-à-dire décédés au XXe siècle (vous savez que pour nous, généalogistes, le XXe siècle, c'est hier tant notre conception du temps, par nos recherches, est différente de celle des môôôrtels) sont restés sans descendance. Ils ont cependant fait le choix de se marier : l'un était rentier, l'autre rentier-peintre. Après avoir obtenu la nationalité belge (oui, c'étaient des précurseurs) ils sont allés finir leur jour à Nice, Floride française. Une cousine germaine de ma grand-mère que je ne citerai pas car toujours parmi nous, a fait le choix de n'avoir pas d'enfants avec son époux ; elle est fille unique et deux de ses tantes sont restées, l'une célibataire, l'autre sans enfant.

 

Comme on le remarque, le taux de célibat est important et n'est pas explicable en l'état. À côté, toujours dans le Nord, on a le cas totalement inverse. Une tante du XIXe siècle, Justine Picavez, a épousé un lillois, filateur. Les familles de filateurs lillois sont regroupées dans l'annuaire des familles du Nord, sorte de Bottin Mondain. Ces familles ont au contraire une conception de la famille qui implique un très grand nombre d'enfants. Ainsi, la descendance de Justine, sur huit générations jusqu'à nos jours, compte environ 4000 descendants. Avec un taux de survivance très élevé, on compte entre cinq et dix enfants par couple, tous mariés, ayant à leur tour autant d'enfants. J'ai eu l'occasion de connaître un membre de ces familles qui m'a confirmé le côté traditionnel de ce nombre de descendants et les nombreux mariages entre cousins ; l'annuaire sert donc visiblement à repérer avec qui on cousine, comment on cousine, et si le futur époux n'est pas cousin trop proche…

 

Bref, cela n'explique toujours pas ce célibat si important dans ces familles. Quelqu'un a-t-il déjà rencontré ce genre de cas ? Une explication ? Une hypothèse ?

 

Cette forme d'épine généalogique est un peu insolite, mais sait-on jamais, un lecteur a peut-être une réponse !

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commentaires

C
Bonjour,<br /> J'avais déjà constaté ce type d'attitude mais de manière moins flagrante. Pour les cas rencontrés il semble se dégager que les familles mariant peu leurs enfants sont des familles possédant une charge. L'achat de cette charge est onéreux et peu souvent lucrative contrairement à ce qu'on pourrait penser. Au contraire, elle entraîne des frais. Elle est surtout honorifique voire anoblissante. Dans ce cas restait-il suffisamment d'argent aux parents pour doter leurs autres enfants à auteur du "chargé" ? Une entrée au couvent entraînait également une dotation d'où l'absence de religieux/religieuses ce qui serait pourtant logique pour des "familles pieuses". C'est à creuser en regardant, peut-être, l'état des successions.
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