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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 10:24

Pour beaucoup de généalogistes, les actes d'état-civil et autres registres paroissiaux suffisent. Ils regorgent certes d'informations mais parfois, il nous manque un petit quelque chose pour débloquer une branche. On utilise alors les archives notariales, mais là non plus, ce n'est pas toujours la source qu'il nous faut.

 

Vous vous souvenez peut-être de mon article sur les Lombard, ces ancêtres réticents à se dévoiler. Après avoir continué à explorer les registres paroissiaux, je trouvais en 1728 à Pertuis le mariage de Nicolas Lombard et de Jeanne Julien. Mais voilà, je suis resté bloqué à Nicolas Lombard fils d'Antoine Lombard et d'Anne Ginies et mes recherches ascendantes dans lesdits registres jusqu'en 1693 ne me donnèrent rien. Je conclus provisoirement qu'Anne Ginies était d'un autre village et que le couple s'y était marié.

Mais alors, comment trouver le lien avec le fameux Salomon Lombard qui avait eu, jadis, un différend avec la commune de la Tour d'Aigues?

 

Lors de ma dernière exploration aux archives départementales de Vaucluse, je farfouillais dans les archives judiciaires et tombait sur l'acte dont voici la première page:

 

http://img341.imageshack.us/img341/5237/dsc01023ds.jpg

Cliquez pour agrandir

 

Il nous apprend que le 21/05/1735 fut rendu un jugement qui se basait sur le contrat de mariage d'Etienne Lourd et de Catherine Lombard. Lors de ce contrat, Salomon Lombard et Louise Martin, ont constitué à leur fille Catherine une dot de 500 livres payable en plusieurs fois. Mais à la date donnée pour le dernier versement, Salomon Lombard n'avait pas les moyens de payer. Il offrit donc une terre à la place. Cependant, Catherine Lombard décéda et ce, ab intestat, ce qui fit que ses plus proches parents héritèrent de ses biens, à savoir Louise Lombard fille de feu Joseph frère de Catherine, Simon et Anne Lombard frère et soeur de Catherine, et... un certain Nicolas Lombard fils de feu Antoine, ce dernier frère de Catherine. Le jugement rendu concerne le partage de la dot de Catherine Lombard entre les héritiers.

 

On y apprend non seulement ce démêlé judiciaire, mais aussi tout l'arbre généalogique de la famille Lombard à savoir:

I. Salomon Lombard épouse Louis Martin dont,

1. Catherine Lombard (décédée) épouse Etienne Lourd

2. Joseph (décédé) qui suit en II

3. Simon

4. Anne

5. Antoine (décédé qui suit en III)

II. Joseph dont

1. Louise

III. Antoine dont:

1. Nicolas

 

Tout cet arbre généalogique reconstitué à partir d'un seul acte est le fait de l'utilisation d'autres archives que les classiques registres paroissiaux et d'état-civil et il m'a permis de décoincer une branche. Alors, n'attendez-pas et plongez dans ces registres. N'hésitez pas non plus à me faire part de vos trouvailles dans les archives judiciaires.

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 15:31

Qui n’a pas lu ça (enfin, à peu près) sur un forum de généalogie sur le net... sur un forum de Geneanet.

 

On a en général plusieurs genres de personnes qui se plaignent :

 

1. Le légitime

« Monsieur Dupont m’a mis sur sa base, je ne suis pas d’accord ! »

Bon, souvent la personne a un arbre en ligne avec sa propre personne en visible, ses enfants, ses cousins et parfois même avec leurs dates de naissance. Ainsi ai-je trouvé des cousins avec même la ville dans laquelle ils vivaient actuellement.

 

2. La concession perpétuelle

« Je suis outré que monsieur Dupont ait mis en ligne mon arrière-grand-mère morte en 1940 sans ma permission ! Ce n’est pas parce que c’est son arrière-grand-tante qu’il en a le droit ! C’est scandaleux ! Je suis outré, c’est comme un viol ! »

Pour certains, les ancêtres sont leur propriété, limite s’il ne faut pas passer chez le notaire pour avoir une autorisation de publication.

Bientôt, sur genealogie.com: Toi aussi, copyright ta grand-mère! A partir de 159.99€/an

 

3. Le grincheux (souvent une femme)

« Il y en a marre de ces copilleurs !!! ils pompent nos arbres pour avoir la plus grosse [Note de Sacrés Ancêtres : toute allusion interdite aux mineurs ne serait le fait que d’une pure coïncidence]. Leur but est de faire une base de données ; ce ne sont pas des généalogistes comme moi !! »

D’ailleurs la même personne râle sur un peu tous les sujets : « Il y en a marre de ces obèses !!! ils bouffent tous les pains au chocolat de la boulangère. Tant mieux s’ils deviennent diabétiques ! Ce ne sont pas des gourmets comme moi. »

Souvent, ces personnes enlèvent leur arbre d’internet, continuent de se plaindre et en profitent de temps à autre pour un peu pomper. Pas vu, pas pris.

 

Mais tout ça pour quoi ?

Parce que ça m’amuse de voir ces réactions outrées tout comme ça m’amuse de voir les personnes qui copient n’importe quoi.

 

Il y a des avantages indéniables à être copié. Quand mon arbre a planté (accents, lieux, etc), comme un cousin fort fort lointain avait pris tout mon arbre, y compris des branches qui n’avaient rien à voir avec ses ascendants, je puis aujourd’hui me resservir de cette sauvegarde.

Conclusion n°1 : Le copieur est une sauvegarde supplémentaire pour votre arbre.

 

Autre point, c’est parfois franchement drôle de voir les copieurs. Quand j’ai commencé la généalogie, j’ai utilisé les archives familiales et j’avais un manuscrit rédigé par une cousine, au stylo plume et je m’en suis servi pour l’arbre en ligne à l’époque où je n’avais pas accès aux archives. Sauf que... je me suis trompé sur un ancêtre que j’ai noté né en 1745 alors qu’il est né en 1743.

Du coup, tout le monde sur Geneanet a ce même personnage né en 1745.

Conclusion n°2 : Un peu de fun en généalogie, c’est toujours ça de pris ! Et ça permet de faire de l’écrémage entre les gens sérieux et les autres.

 

D’ailleurs, beaucoup de monde pompe la base Roglo, même quand c’est bourré d’erreurs. Parfois, les gens ont les mêmes ancêtres que vous et ils attendent que vous fassiez votre mise à jour de l’arbre pour prendre l’information. Personnellement, ça me fait sourire.

 

Parfois, le copiage est très pratique. Certains arbres cachent des informations sur des contemporains mais aussi sur des gens un peu plus vieux (un peu plus morts en somme). Ceci est compréhensible. Mais un arbre qui masque ces informations cache une forêt qui les laisse visibles.

Conclusion n°3 : Le copiage vous permet de faciliter la généalogie descendante.

 

Le copiage, ça fait jaser. On l’a vu en début d’article, on a le droit aux saints (sains) généalogistes munis d’une grande droiture morale et d’un vocabulaire digne d’un Gide... bon, ok, digne d’un Gide sous acide. Eh oui, car le copiage devient le copillage (comme sur les vieux manuels du collège « le photocopillage tue le livre ») voire le plagiat.

Il est en effet important de dénoncer ces gens qui plagient des œuvres comme « Jean Dupont né vers 1658 à Trifouillis-les-Oies, décédé le 12/04/1714 à Roquefort-la-Bédoule » digne d’une publication chez Perrin ou aux Belles Lettres.

 

Je viens de découvrir une chose amusante, « le Code de Déontologie du Généalogiste ». On comprend aisément qu’une association ait un code à elle, un règlement intérieur d’une certaine manière.

Mais maintenant, on entre dans la partie citations véridiques (extraites de forums) de cet article et on va commencer avec justement ce Code :

« Membre de généanel, je viens de subir un pillage en réglé de presque la totalité de magénéalogie. La personne ayant effectuée cette plagiat a fait abstraction du code de déontologie qui régit les personnes faisant de la généalogie. Je citerai l'alinéa 2.4- du Code de Déontologie du Généalogiste. Le généalogiste rejette le plagiat et indique les sources d'informations consultées dans l''élaboration de son travail, prenant soin de bien identifier les extraits de texte d'un autre auteur, et mentionner, s'ily a lieu, la collaboration reçue de collégues ou de groupes de travail. »

(Fautes d’origine)

On arrive vraiment dans une partie surréaliste, plus encore que mes jeux de mots grivois. Demander à Madame Michu de respecter le « Code » des membres de la FFG, c’est un peu comme si on demandait à un collectionneur de pièces européennes de respecter le « Code » de l’Association Numismate de Rouen.

Mais ce même message, posté sur un forum de Geneanet, va en s’améliorant... « Il y a une intention manifeste de nuire. » Je dois avouer que je me suis imaginé une vieille dame qui recopiait ce pauvre arbre pendant un après-midi avec le sourire sadique, sur son fauteuil, le chat sur les genoux : « Gnia ah ah ah ! Je vais faire comme chaque après-midi, Minus. Tenter de conquérir le monde ! (oui, le soir je dors à 20h30) ».

 

Toujours sur Geneanet, nous trouvons à propos des copieurs : « Vous ne pouvez pas échapper à ce genre d'individus qui n'ont ni âme ni conscience ».

 

Lexorciste.JPG

 

« J'ai effectivement noué quelques contacts, mais si peu par rapport à l'égoïsme du chacun pour soit rencontré, qu'il y a belle lurette que j'ai retiré ma généalogie de ce média. »

Pour essayer de faire de ce message un sujet plus intellectuel, je vous laisse réfléchir à la question philosophique suivante : A partir de cette phrase et de vos connaissances, définissez l’égoïsme et l’altruisme.

Point bonus : Une faute d’orthographe s’est glissée dans cette citation ; laquelle ?

Question facultative: En quoi cette faute peut remettre en cause la compréhension de la notion d'égoïsme?

 

 

J’ai été méchant, je ne me suis moqué presque que de ceux dénonçant le copiage, alors que les copieurs ont bien leur place dans ce panthéon.

 

Vous le savez, l’autre grand débat intellectuel (sic) sur les forums est l’utilisation des sources et le copieur en est le grand spécialiste. J’en parle parce que j’ai beaucoup ri il y a quelques jours sur un arbre en ligne ayant copié mes données mais pas seulement ; on y trouve aussi celles d’une cousine proche.

Jusque là, pas de problème. Beaucoup ne notent aucune source, mais on voit de plus en plus souvent fleurir une source particulière... elle se nomme... « Site » ! ou « Geneanet ».

Transposons ceci dans un domaine autre que la généalogie :

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. »

Source : Bibliothèque municipale

 

Bon, je retourne à mes ancêtres, certains arbres me disent descendants de Narmer, Pharamond et de Picsou.

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 11:22

Depuis quelques semaines déjà, on remarque que la blogosphère généalogique fait son bilan, en tire des conséquences et se prépare pour cette nouvelle année. C’est pourquoi je m’y lance également, avec mon classique retard... Mais bon, le président n’a pas fini ses vœux, je suis donc encore dans les temps, non ?

 

2011 fut à la fois une des mes années les plus creuses généalogiquement parlant depuis toujours et en même temps celle qui a auguré le plus de changements.

Ce « creux », je ne l’avais pas prévu, pas anticipé mais il était bien là. Dès janvier, je n’ai plus eu le temps de faire de généalogie jusque fin juillet et après quelques vacances en août où j’ai pu me rattraper, un avion m’attendait pour trois mois au Maroc, avec une connexion internet limitée. La conséquence de ce séjour à l’étranger a été l’absence de possibilité de connexion aux archives en ligne.

 

D’un autre côté, 2011 est l’année qui a tout changé et qui restera certainement comme une année importante pour ma généalogie. En juillet je me suis procuré Geneatique ; c’est la première fois que j’utilise un logiciel de cette ampleur (traduction : à ce prix). Jamais je n’avais mis plus de 40€ dans un logiciel de généalogie et je regrette de ne pas l’avoir fait avant. Alors, je sais que Geneatique est largement perfectible et d’ailleurs la version 2012 ne semble pas se perfectionner là où ce serait nécessaire, mais la gestion des sources est convenable, les champs variés avec possibilité de recherche, les lieux normés et surtout un moteur de recherche interne très performant une fois qu’on a compris son fonctionnement.

C’est pour cela, en premier lieu, que je suis passé à Geneatique ; parce que l’arbre que je publie à partir de mes relevés des Alpes-Maritimes contient des homonymies en pagaille et que les Joseph Puons fils de Joseph et de Marie qui épousent des Marie Mario fille de Joseph et de Marie, il y en a en pagaille.

 

Autre pas important de franchi, le recommencement de mon arbre personnel. Suite à un énorme bug informatique couplé à une franche erreur de mon ancien logiciel à bout de souffle, je me suis retrouvé avec la perte de tous les accents (certainement à cause de l’ASCII) et surtout, de tous les lieux. Déjà que l’arbre était un capharnaüm invivable (et ça, c’était de ma faute), là, j’avais atteint le sommet. Heureusement, en tant que vieux jeune con ancien étudiant d’histoire, j’ai des copies papiers de tout et si besoin est, je consulte quelques arbres en ligne ayant pompé mon arbre.

J’ai donc tout recommencé au mois d’août et je suis très loin d’avoir fini, mais ne me plains pas puisque depuis, mon nouvel arbre en ligne est propre. Tout y est « sourcé », de la date de naissance au lieu de résidence, en passant par les professions. C’en devient presque maladif comme sur la fiche de mon bisaïeul Charles Lombard, mais au moins, je n’ai plus de problème pour savoir pourquoi j’ai noté qu’en telle année il avait telle profession. L’inconvénient principal est l’extrême longueur du traitement des actes, y compris ceux d’État-Civil pouvant aller jusqu’à une demi-heure pour un mariage du XIXe siècle.

 

http://eglazer.files.wordpress.com/2009/02/desk-with-pile-of-papers.jpg

Mais où est passé ce f**** acte de naissance?!

 

Mais passons. Concernant les relevés systématiques, j’en ai fait peu cette année et n’ai pas pu achever les dépouillements de Roure et de Valdeblore. Cependant, deux nouvelles choses qui comblent largement cette lacune ont été faites : un nouveau site et la fin de Saint-Sauveur-sur-Tinée.

En août, j’ai créé, avec mes petites mains, un petit site que j’ai voulu très simple (et puis je n’aurais pas réussi à le faire plus compliqué) pour faciliter les mises à jour, et ce en utilisant le classique langage XHTML avec une courte page de CSS (ça fait geek, hein !). Cela a changé ma vie de me débarrasser de Frontpage, même si ce n’est que partiel ; sans trop aller dans les détails, j’utilise toujours Frontpage lorsque je dois insérer 60 pages Word dans Notepad et mettre les balises ; Frontpage le fait tout seul, même si ce n’est pas très propre, sinon cela me prendrait plus de temps que le relevé en lui-même.

De l’autre côté, j’ai enfin pu terminer de transposer les relevés de Saint-Sauveur-sur-Tinée dans l’arbre en ligne ce qui représente environ 6'500 actes à traiter.

 

Malgré une année en demi-teinte – peu d’avancées généalogiques mais une amélioration méthodologique, l’ensemble reste satisfaisant.

 

Et 2012 dans tout ça ?

 

Tout comme je ne savais pas où j’atterrirais en 2011, je ne sais pas où je serai en 2012. A priori le sud jusqu’à cet été puis après... l’étranger ? Le nord (au-dessus d’Avignon en somme)? Ailleurs ? Je ne peux donc pas dire, à l’heure actuelle, si même j’aurai accès à des archives. Pour ces raisons, je ne prendrai pas de bonnes résolutions ce qui n’empêche pas d’établir quelques perspectives.

 

Cette année, j’essaierai de mettre sur l’arbre des familles du 06 mes relevés de Rimplas et d’achever les relevés de Roure et de Valdeblore ; voilà ce vers quoi je veux tendre au niveau des relevés en 2012.

 

Sur le plan de la généalogie personnelle, je suis parti en free-style voilà quelques mois et je compte continuer ainsi. Je vaque suivant mon délire du jour. En ce moment, j’étudie une branche cousine installée sur Paris à la fin du XIXe siècle et, quand j’en ai marre des cousins, je m’attarde sur quelques ancêtres.

Même s’il y a cet aspect désordonné, je me cantonne à deux départements d’origine et je souhaite rester sur ce créneau de maximum deux départements en même temps. Pour le moment, il s’agit du Nord et du Morbihan et je ne change de département que si les branches cousines le font.

 

En 2012, je laisserai quelques branches à l’abandon. Ne vous révoltez pas ! En fait, ces branches sont étudiées, mais différemment. Depuis quelques temps déjà, je dépouille de temps à autre quelques années sur Thonnance-les-Joinville, petit village de Haute-Marne où je suis cousin avec toutes et tous ; alors tant qu’à étudier ma famille sur place, autant le faire de manière complète au lieu de se taper cinquante fois le même registre.

Pareil dans les Alpes Maritimes d’où viennent plusieurs branches de ma famille. Ainsi, en 2012, si je termine (espérons !) Roure et Valdeblore, je mettrai de côté pour quelques temps la vallée de la Tinée et m’attaquerai à Falicon, commune frontalière de Nice, et Saint-Martin-Vésubie.

 

Et le blog dans tout ça ? Eh bien, que dire. Je posterai au gré de mon imagination et de mes découvertes.

 

Ce que je souhaiterais cependant le plus durant cette année 2012, ce serait de pouvoir aller plus souvent en archives et surtout de pouvoir aller aux archives départementales de Lille et de Nice ainsi qu’aux archives municipales de Valenciennes.

 

A suivre, aujourd’hui ou demain : Quel généalogiste suis-je ? ou la réponse de Sacrés Ancêtres à ce sujet qui a touché la plupart des blogs l’an dernier avec une Season 2 sur Genbècle

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 16:03

Ceux qui connaissent un peu ce blog savent que je suis plutôt du genre à écrire des articles teintés d’humour ou tout du moins assez neutres. Je ne suis pas entré dans la polémique sur NotreFamille et je ne le ferai pas, du moins pour le moment. La bonne humeur m’a toujours semblé primordiale ici ; j’écris pour m’amuser, pas pour m’engueuler. Et pourtant, il y a quelques jours, en lisant un article, je me suis mis en colère comme jamais depuis que j’ai commencé à pratiquer la généalogie. D’où ce billet d’humeur qui risque d’engendrer pas mal de réactions négatives.

 

Lisant certains « vieux » magazines reçus lors d’un de mes (trop) nombreux déménagements de ces dernières années, je suis tombé sur « Généalogie & Histoire » n°142 de juin 2010 publié par le Centre d’Études Généalogiques Rhône-Alpes et sur un article, page 27, nommé « De profundis ».

 

Ce papier, écrit par un certain Jean-Loup Ricord, m’a paru choquant pour plusieurs raisons. Cet article évoque la possible disparition de deux associations, l’Association Généalogique du Var et le Cercle généalogique des PTT, celles-ci ne trouvant pas de successeurs. C’est toujours triste de voir d’anciennes associations disparaître. Pour monsieur Ricord, c’est une aberration puisque le nombre de généalogistes en France explose. Quelle est donc la cause de ces disparitions ?

 

La réponse lui semble simple : « le généalogiste nouveau ». Tout comme le Beaujolais, il n’est pas bon. Que dis-je, c’est le diable en personne. C’est un consommateur (une horreur !), il « adhère, utilise la somme des documents amassés par les autres, sans aucunement contribuer à enrichir le patrimoine de l’association puis, sans remords, disparaît. » Il « achète ».

Bref, le « généalogiste nouveau » est une sorte de monstre capitaliste, consumériste, qui dévore les recherches de l’association. En fait, je pourrais me reconnaître dans cette description ; j’ai adhéré à des associations sans pour autant faire de relevés pour celles-ci. J’avais adhéré pour avoir accès à Geneabank et je ne m’en cache pas. J’ai découvert le service Geneabank et c’est par leur site que j’ai décidé d’adhérer ; je ne l’aurais pas fait autrement. Finalement, le « généalogiste consommateur » n’apporte pas de nouveaux relevés, mais permet à l’association de lever quelques fonds supplémentaires pour diverses activités, salons, etc. Avec la poussée de la généalogie sur Internet est arrivé le généalogiste « actif », celui qui travaille, qui a un boulot et qui n’a pas forcément le temps de faire des relevés ou qui habite à l’autre bout de la France (voire du monde, ainsi j’ai eu l’occasion d’échanger à propos d’une commune des Alpes-Maritimes avec une dame vivant à Chicago et y ayant des ancêtres). Le généalogiste n’est plus que le retraité domicilié à côté du local et pouvant se déplacer pour les salons et réunions.

 

J’avais songé à effectuer des relevés pour ces associations mais je n’en avais finalement pas envie car l’aspect restrictif de l’information (pour les membres seulement) me déplaît et je préfère faire des relevés absolument gratuits et diffusables sans condition, comme sur mon modeste site : www.prat-genealogie.com . C’est un autre état d’esprit, ni meilleur ni pire qu’un autre, mais j’y suis attaché. Autre point, j’aime faire les relevés dont j’ai envie, pas ceux demandés par l’association, le Club, le Groupe, le Collectif ou peu importe son nom. Par exemple, j’ai fait le relevé de Saint-Sauveur-sur-Tinée dans les Alpes Maritimes dont la majorité avait déjà été fait par l’AGAM ; je l’ai refait, j’y ai inclus toutes les données possibles comme les témoins, les parrain et marraine, et cela a été publié comme je l’entendais, avec la méthodologie que je voulais et également sur un autre support, celui de l’arbre en ligne. Les demandes de « mise en page » des associations sont strictes et je ne voulais pas me prendre la tête pour savoir dans quelle case il fallait que je mette telle ou telle information. Ces conditions demandées par les associations sont légitimes, que personne ne se méprenne sur mes propos ; étant donné le nombre de généalogistes qui dépouille pour eux, elles ont besoin d’une mise en page commune pour une diffusion lisible.

Alors j’ai adhéré à des associations pour les points Geneabank, sans autre objectif pour le moment. Le but de ce regroupement est-il seulement de faciliter les recherches pour les membres perpétuels d’associations ou également pour faire venir de nouveaux adhérents ? Même si, admettons, la plupart des nouveaux adhérents venus pour Geneabank ne font que se servir, peut-être qu’un sur dix ou sur vingt restera dans l’association, s’y trouvera bien et fera des relevés ; les autres auront payé une cotisation qui permettra à l’association de vivre un peu plus, auront vendu quelques magazines (comme Généalogie & Histoire...). Est-ce si mal ? Est-ce qu’en donnant 30€ à la Croix-Rouge pour avoir bonne conscience mais sans partir au Zimbabwe aider les enfants je commets un acte mauvais ? Est-ce qu’en donnant 5€ à Médecins Sans Frontières pour acheter un de leurs stylos pour la collection de ma grand-mère mais sans faire l’infirmier au Ghana je suis mauvais ?

En me donnant bonne conscience par un don, ne fais-je pas quand même une donation ?

 

http://img513.imageshack.us/img513/6753/vieuxmuppetshow.jpg

"Ah! ces jeunes! De mon temps, on était solidaire...

- T'as bien raison! Leur faudrait une petite guerre pour leur apprendre!"

 

Mais cette partie n’est pas la pire de l’article à mes yeux. Les phrases qui suivent m’ont mises hors de moi : « Le plaisir de réaliser des projets communs, le sentiment d’appartenance à une communauté et la satisfaction procurée par le service rendu, tout cela a disparu. Le généalogiste bénévole est une espèce en voie de disparition, dinosaure, survivant d’un temps où les mots désintéressement, générosité et solidarité avaient un sens. »

Là, c’est le pompon, le ridicule sans gêne aucune.

Le « plaisir de réaliser des projets communs » est une aspiration personnelle ; certains font cela et y prennent justement du plaisir mais ériger cela en vertu est absurde, surtout à l’ère du numérique. Regardez-les, ces individualistes qui publient gratuitement leurs résultats de recherche sur des arbres en ligne, ceux qui publient leurs relevés systématiques sur Geneanet ou ailleurs ! Honte à eux de n’être point membre de notre Collectif ! Ils n’ont pas forcément envie de travailler au sein d’une association (a fortiori moralisatrice), ils n’ont pas forcément envie d’être membre d’une communauté et cela ne les empêche pas de ressentir une satisfaction lorsqu’ils aident les gens. Je ne fais pas partie d’un collectif et cela ne m’empêche pas d’aider des personnes qui m’envoient des emails et beaucoup de généalogistes « indépendants » le font. Les associations n’ont pas le monopole de l’entraide et je rappelle à Monsieur Ricord que l’association est faite d’individus qui aident d’autres personnes et que dehors, c’est la même chose, ce sont des personnes qui font cela et elles n’ont pas toutes besoin ou envie d’être en association.

Les associations seraient « désintéressées ». Ah ? Juste avant, le journaliste affirme pourtant que cela procure de la satisfaction. A partir du moment où le bénévole aide car cela lui procure de la satisfaction, alors il est intéressé. Le jour où le bénévolat ne lui procurera plus rien, il arrêtera. Je ne fais des relevés que parce qu’ils me procurent un certain plaisir ; je le fais pour moi avant de le faire pour les autres. L’autre est content d’avoir ces relevés et cela augmente mon plaisir. Nous sommes toujours intéressés, que l’on soit en association ou non, car on fait de la généalogie pour nous en premier lieu ; nous avons diverses raisons d’être en association ou de faire du bénévolat : on aime ça, on a envie d’être membre d’une communauté, on veut sauvegarder le patrimoine, etc. Le désintéressement n’est pas que l’absence de gains financiers ou matériels, ce serait également l’absence de plaisir, d’envie et un sacrifice absolu.

 

Nous avons tous eu un parent ou un aïeul nous disant de travailler à l’école car « à ton âge, j’étais un élève sérieux » avant de découvrir que ce n’était pas tout à fait vrai. On nous érige en vertueux un temps plus ancien alors que c’est faux. Les « jeunes » faisaient des bêtises comme mon trisaïeul à Saint-Cyr qui entonnait avec le futur maréchal Lyautey des vers incendiaires sur les « bas off », séchait des cours, et organisait diverses batailles après le couvre-feu. « Ah ! quand j’étais jeune ! »

Dans cet article, monsieur Ricord nous dit que « dans le temps » les généalogistes étaient des personnes biens et qu’aujourd’hui, il ne reste plus que les anciens qui eux, savent ce qu’est la morale, la bonté, la vertu tandis que les petits nouveaux seraient un peu comme les enfants bâtards de TF1 et de Carrefour, cherchant à savoir si le Cercle Généalogique de Pétaouchnock fait les soldes d’hiver et si la collection printemps-été des relevés systématiques lui donne des ancêtres qui se marient bien à son style et à sa robe Elie Saab.

 

http://img840.imageshack.us/img840/9830/ctaitmieuxavant.jpg

 

La généalogie change avec l’ère du numérique et ce que voudrait monsieur Ricord, ce serait que les généalogistes nouveaux, à qui, « à force de répéter [...] qu’ils sont des clients et non des usagers, [...] ont fini par le croire », deviennent comme en ces temps glorieux un modèle de vertu ; que le généalogiste s’adapte à l’association et non l’inverse. Cependant, un éclair de lucidité apparait à la fin de son article : les associations doivent aussi changer.

Oui, il est nécessaire pour les associations d’évoluer et si elles échouent, si elles plongent et ferment, ce n’est pas de la « faute » à un supposé égoïsme tout autant présent chez elles que chez les autres, mais parce que lesdites associations ne répondent plus aux besoins des généalogistes. Ce sont à elles de trouver les chemins pour survivre ; de s’adapter. Si l’association rendait un si grand service que cela, alors pourquoi disparaitrait-elle ?

Je serais le premier malheureux si j’apprenais que les associations fermaient les unes après les autres car elles font, je l’estime, du bon travail en général.

 

En ce moment, on parle beaucoup de généalogie nouvelle et au lieu de fustiger ceux qui n’entrent pas dans le moule – ici presque sectaire –, certaines associations devraient se remettre en question et voir comment elles peuvent s’adapter à Internet et aux archives en ligne. Comment feront-elles ? Plus de cours de paléographie ? Des dépouillements d’archives hors BMS/NMD ? Des partenariats avec le privé et/ou avec des services d’archives? La décision appartient aux associations, clubs, etc.

 

Quoiqu’il en soit, une chose est sûre après la lecture de cet article, je ne m’abonnerai plus à Généalogie & Histoire ni à aucune association qui travaille en collaboration avec ce magazine.

Ce genre de comportement, ce genre d’articles sont typiquement les causes du rejet de certains pour la généalogie : un passetemps pour retraités qui ronchonnent, une activité démodée où l’on ferait partie d’un club opaque, une passion qui devrait être un sacrifice, un désintéressement voué à la solidarité entre les humains. Entre cela et les remarques de certains sur la quête à l’héritage, sur le désir de prouver son origine française, on est gâté.

Quand je lis cela, je n’ai pas envie de faire de la généalogie, je n’ai pas envie de faire partie de cette « communauté » ; si j’avais lu cet article lorsque j’ai commencé... eh bien je n’aurais pas continué mais aurais plutôt fait remarquer à quel point la généalogie est une activité sectaire et qui ne donne pas envie d’en faire. Heureusement, j’ai un peu de bouteille et peux me rendre compte, par mon expérience, à quel point l’article de monsieur Ricord ne concerne que lui et que la pensée qu’il développe dans ces quelques lignes est loin d’être représentative.

 

Je fais de la généalogie pour me détendre, pas pour entendre des leçons de morale erronées et déplacées. Je fais peut-être des relevés distribués librement mais je ne suis pas une personne désintéressée, altruiste, sacrificielle, vertueuse ; je ne suis pas un saint. Je suis un généalogiste et je pratique cette activité parce que j’en ai envie, parce que cela me plait.

Lorsque l’on vient me parler de généalogie, je ne parle pas d’engagement, de rites d’entrée, de devoirs, d’entraide. Non. Je parle de ma passion pour les archives, pour l’histoire des individus et de l’intérêt qu’aura autrui à apprendre d’où il vient, à mieux connaître sa famille, ses aïeux. Peut-être qu’un jour cette personne fera du bénévolat ; mais c’est accessoire.  Pour moi, la généalogie a toujours été une passion, pas un sacerdoce. Cela restera ainsi.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 11:40

Lorsque l’on fait des recherches généalogiques, on trouve souvent un couple ou une personne un peu réfractaire, une personne qui ne veut pas être retrouvée et qui vous en fait voir des vertes et des pas mûres au point de vous demander si tout ceci est bien réel. Plusieurs exemples me viennent en tête dans mes recherches mais aujourd’hui, je vais vous présenter un cas : Les Lombard de la Tour d’Aigues.

 

Voulant pour ma mère remonter sur sa lignée agnatique, je me suis rendu à plusieurs reprises avec elle aux archives départementales de Vaucluse à Avignon. Ces archives qui étaient supposées être mises en ligne en décembre 2011 (vous avez jusqu’à samedi dernier les gars !) ont numérisé leurs registres de manière efficace. Précédemment, j’avais fait les recherches sur microfilms et avais réussi à remonter jusqu’à un certain Gaspard Lombard né en 1753, maître maçon, fils de Nicolas et de Jeanne Jullien. Alors que ma mère partait farfouiller les registres de notaires, ma mission était de récupérer certains actes paroissiaux et d’essayer de percer dans la lignée Lombard.

 

Avant d’entrer dans les détails de cette sombre affaire de cache-cache, parlons rapidement des Lombard. C’était une famille de modestes artisans de la Tour d’Aigues, petit village à l’extrême sud de Vaucluse. Ce patronyme, très courant, ne l’est pas du tout dans ce village puisqu’il n’y a qu’une seule famille et très peu de représentants de celle-ci ; j’en étais arrivé à la conclusion qu’il était fort probable que les Lombard eussent une autre origine. Mais un certain Salomon Lombard et son fils David sont référencés dans les archives communales de la Tour d’Aigues au XVIe siècle. Dans tous les cas, ils étaient toujours dans ce village en 1753 et je me suis décidé à retrouver le mariage de Nicolas Lombard et de Jeanne Jullien.

 

J’ai commencé naturellement par l’année 1753, même si le jeune Gaspard est né en mai ; en effet, on ne sait jamais, peut-être était-il prématuré ? (Expression très utilisée chez nous pour dire que la demoiselle est tombée enceinte avant le mariage)

Mais rien ; je remonte tranquillement dans les BMS et j’y trouve un grand-frère, Christophe, né le 25/7/1751 et décédé le jour même. Je continue ma recherche. Rien en 1750. En 1749, le 28 février, est née une grande-sœur Marie Magdeleine. Je me rapproche, me dis-je.

 

Que nenni !

 

Et là, après déjà plus d’une heure de recherche la tête collée contre l’ordinateur des archives après que ma mère a éclaboussé le hall en ouvrant une bouteille d’eau gazeuse qui n’a pas supporté le voyage en train, sans avoir fumé, sans même avoir un petit verre de vin pour me détendre, j’avance, page après page, jour après jour, mois après mois.

Mai 1747, un nouveau grand-frère est né, Jean François. Le mariage ne devrait plus tarder... Juillet 1745, décès d’un grand-frère, Nicolas Lombard dont je trouve l’acte de naissance en février 1744. Bon, je vais encore un peu avancer, même si fixer l’ordinateur non-stop en me concentrant sur l’écriture du prêtre me donne un peu la nausée et des vertiges. Je vais y arriver ! Je vais trouver ce mariage ! 1743, rien. Octobre 1742, naissance d’un autre grand frère, Augustin Lombard.

Je me lève de mon siège, prend ce qu’il reste de la bouteille d’eau, bois un peu et m’enfuis pour fumer une clope au bas du Palais des Papes avec la tête qui tourne. Bon, je me dis que tout de même, si c’est le cadet, il est fréquent que l’enfant soit né une dizaine d’années après le mariage et qu’après tout à chaque année terminée, je me rapprochais de cet acte de mariage.

 

Que nenni !

 

Je remonte, tranquillement, m’assois, respire un coup et reprends. 1740, naissance d’un autre grand-frère, Antoine. Mars 1739, naissance d’une grand-sœur Madeleine. Je commence à devenir fou, mon esprit vagabonde, mes yeux s’entrecroisent et je peine à lire. Un peu de motivation, et c’est reparti. 1738, rien ; 1737, septembre, décès d’une grande-sœur Marianne, âgée de deux ans. Je décide de sauter l’année 1736 et la moitié de l’année 1735 (oui, je sais, c’est pas bien).

 

http://img249.imageshack.us/img249/294/01788006photo7alamaison.jpg

Trop à la maison: Bienvenue chez les Lombard

 

Je redescends fumer, il est midi, j’y suis depuis des heures et les maux de tête sont incessants. Ca commence à bien faire et j’aperçois ma mère qui s’amuse comme une folle avec les archives notariales, trouvant des testaments, des contrats de mariages, des quittances, des créations de commerce tandis que de mon côté, j’ai des baptêmes, des sépultures et tous les mariages de la Création sauf celui que je cherche. Vous avez remarqué, c’est toujours comme ça. L’acte que vous voulez, vous ne le trouvez pas ;  des fois même, vous cherchez un acte pendant des jours, vous ne trouvez rien et le jour où vous cherchez un autre acte, vous trouvez le premier mais jamais celui pour lequel vous avez ouvert le registre. Sans oublier que vous pouvez être sûr que s’il y a une lacune entre le 20 et 22 décembre 1741 à Trifouillis-les-Oies, votre ancêtre est né le 21.

 

En somme, je ne trouve rien. J’entame donc l’année 1735 puis 1734. En février 1734, je trouve un autre grand-frère, Nicolas Lombard. 1733, rien non plus. J’ai lu dans la matinée vingt années de BMS et là, les maux de tête se transforment en nausée. Puis les années passent 1732... 1731, oh, un grand-frère, Antoine, décédé en février et âgé de deux ans. Je continue de remonter et trouver son acte de naissance en 1729. J’ai continué jusqu’en 1726... Sans résultat.

Je ne me souviens pas de l’heure ; mais il devait être 13h30 ou 14h00 et, pour ma santé mentale, j’ai laissé Nicolas Lombard et Jeanne Jullien gagner ce combat après avoir lu 28 années de BMS. Ainsi suis-je allé me consoler chez Me Rey, notaire à la résidence de la Tour d'Aigues.

Mais ce n’est que partie remise ; la prochaine fois je les aurai ces Lombard !

 

http://img593.imageshack.us/img593/4474/lombarde.jpg

Forcément , on descend toujours du dernier!

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 12:06

 

Vous vous souvenez peut-être de ces ancêtres bretons qui me détestaient (et leur sentiment ne s’est guère amélioré), mais ils se sont alliés à ceux du Nord. Aujourd’hui, un casse-tête généalogique s’est posé et le plus compliqué n’a pas été de trouver l’acte manquant, mais bien de comprendre les liens de parenté. Vous ne me croyez pas ? Vous allez voir en plongeant avec moi dans la révolution française chez les ch’tis.

 

En 1889-90, Henri Wallon a publié le tome 5 de son ouvrage « Les représentants du peuple en mission et la justice révolutionnaire dans les départements en l’an II ». Il y est évoqué un procès qui eut lieu en l’an III. Mais commençons par le commencement.

 

Robespierre est mort et la Terreur s’achève. Un soulagement pour beaucoup, certes, mais les procès continuent. A Douai, dans le Nord, la deuxième section du tribunal de la ville avait pour objectif de juger les émigrés mais aussi les « citoyens » accusés d’avoir administré les villes et villages occupés par l’armée étrangère, principalement celle d’Autriche. Cet acte constituait alors un crime puni de mort.

 

Mais nous l’avons dit Robespierre était décédé et le tribunal était devenu plus clément, même si cela n’a pas empêché, en juillet 1795, la torture et l’exécution de cinq Ursulines. Mais ceux accusés du crime de « traitrise envers la patrie » pour administration de villes occupées étaient le plus souvent relaxés, le tribunal comprenant le « cas de force majeure ». Cependant, un procès fit grand bruit : celui des notables de Valenciennes.

 

Pas moins de trente notables, qu’ils fussent magistrats ou employés du privé, furent accusés de traitrise. Parmi eux se trouvaient mon ancêtre Dominique Joseph Daulmery et un de mes « oncles » Pierre Joseph Melchior Flory.

Le 16 fructidor de l’an II ils furent entassés sur des chariots, comme n’importe quel criminel, et envoyés à Douai (à près de quarante kilomètres de distance !) où ils furent enfermés dans la maison des Annonciades, congrégation religieuse présente dans la ville depuis 1612.

 

Flory-Pierre-Joseph-Melchior--5-.JPG

Pierre Joseph Melchior "l'aîné" Flory

 

Quelques jours après leur enferment ils rédigèrent , le  23 fructidor an II, une pétition adressée aux « représentants du peuple » dans laquelle ils expliquèrent leur rôle dans la défense courageuse de Valenciennes lors de l’invasion, défense qui succomba car les renforts de la république française ne s’étaient pas montrés. Ils racontèrent aussi que c’était sous la contrainte qu’ils durent continuer de gérer la ville. Enfin, ils écrivirent : « Nous ne demandons point grâce, nous ne demandons que justice ; qu’elle soit prompte et nos vœux seront comblés ».

 

Au mois de brumaire de l’an III, les détenus rédigèrent tout un mémoire sur l’histoire de leur administration dans lequel ils s’écriaient : « Criminels pour avoir consulté les intérêts de nos frères ! Robespierre l’eût pensé. On ne punit plus aujourd’hui que l’intention. » Ils profitèrent de cette occasion pour défendre d’autres fonctionnaires de Valenciennes, accusés dans d’autres procès ; « comme nous ils ont fait le bien ».

 

Daulmery-Dominique-Joseph--3-.JPG

Dominique Joseph Daulmery, avant l'ajout du "Rhoné"

 

Ainsi arriva le procès et le 27 frimaire de l’an III ils comparurent devant le tribunal, certains d’être acquittés – ou presque, et le plaidoyer d’un certain Thellier de Poncheville aurait achevé de prouver leur innocence. Ils furent reconnus comme ayant accepté les fonctions publiques sous l’occupation autrichienne mais le jury déclara que les accusés « n’étaient pas convaincus d’avoir eu l’intention d’enfreindre les lois de la République et d’êtres traitres à la patrie ».

Voici comment mon ancêtre, mon oncle et une trentaine de coaccusés furent innocentés.

 

Mais plusieurs choses ont attiré mon œil de généalogiste. Ainsi, Dominique Joseph Daulmery, négociant et maître orfèvre, et Pierre Joseph Melchior Flory, directeur des moulins de Valenciennes, étaient accusés ensemble alors qu’il n’y avait pas encore de lien de parenté. Le sieur Flory ne s’est ni marié ni n’a eu d’enfant mais sa sœur Antoinette est la mère d’Adélaïde Monchicourt qui elle, a épouse Auguste Patte fils de Victoire Daulmery elle-même fille dudit Dominique Joseph Daulmery.

En somme le petit-fils de Dominique Daulmery a épousé la nièce de Pierre Flory.

 

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Antoinette Barbe Flory, sœur de l’accusé

 

Mais ce n’est pas tout !

 

Pierre Flory avait une autre sœur, Cécile, qui est la mère de Cornélie Picavet elle-même l’heureuse mère d’Élise Yernaut qui a épousé Auguste Patte fils d’Auguste et d’Adélaïde Monchicourt.

En somme l'arrière petit-fils de Dominique Daulmery a épousé la petite-nièce de Pierre Joseph Melchior Flory. Et le marié est aussi le petit-neveu de Pierre Joseph Melchior Flory.

Vous suivez toujours ?

 

Mais ce n’est pas tout ! C’est là que ça se complique.

 

Lors du mémoire durant le procès, Pierre Flory signe de son classique « Flory l’aîné », mais Dominique Joseph Daulmery signe étrangement « D. Dominique-Rhoné ». Au départ, j’avais même douté que mon Dominique Daulmery fût cette personne. Mais vous en connaissez beaucoup, vous, des Dominique Daulmery vivant à Valenciennes sous la révolution ? Je me suis donc empressé de chercher l’acte de décès de Dominique dans les archives de Valenciennes et il est noté veuf en secondes noces de Marie Clotilde Rhoné.

Et alors ?

Et alors, ce nom de famille ne m’est pas inconnu, il s’agit d’une branche cousine sur Valenciennes. En trouvant l’acte de décès de la Marie Clotilde le 30 thermidor de l’an XII, j’apprends qu’elle est fille de Nicolas Joseph et de Marie Josèphe Delconaix. Le neveu de Marie Clotilde, Evrard Rhoné a épousé Sophie Mathieu de Quenvignies petite-fille de Marie Joseph Serret dont le grand-oncle Jean-Baptiste Serret est le grand-père d’Emmanuel Patte, l’époux de Victoire Daulmery (la fille de Dominique). Là, on peut comprendre cette étrange attraction entre ma main droite et le tube d’Aspirine juste à côté... Ce qui est étrange aussi dans cette histoire est la différence de deux générations du côté Serret que vous pouvez voir dans l’arbre manuscrit ci-dessous.

En fait, l’explication est relativement simple : Georges Serret a neuf ans de plus que son jeune frère Jean Baptiste et l’écart grandit ensuite : le fils de Georges Serret a vingt ans de plus que la fille de Jean Baptiste et  la petite-fille dudit Georges a trente-cinq ans de plus que le petit-fils de Jean Baptiste.

 

http://img337.imageshack.us/img337/6281/arbrervolution.jpgL'arbre manuscrit avec les liens familiaux entre les deux accusés (en rouge). Cliquez pour agrandir.

 

Pour conclure sur l'aspect généalogique, il est bon de noter ici que les liens de parentés entre les familles du Nord ont toujours été importants notamment les alliances entre personnes d'un même milieu social. Cette affirmation est vraie dans toute la France mais c'est bien la première fois que je vois d'aussi forts liens matrimoniaux dans un même département, et avec autant d'enfants par couple qui survivent. Pour l'exemple, dans le précédent billet de ce blog, je vous ai parlé d'une de mes cousines, ancienne généalogiste. Elle descendait de trois des soeurs Flory par quatre branches, ses parents étaient cousins, deux de ses grands-parents étaient cousins et deux de ses arrière-grands-parents l'étaient aussi, tous du côté Flory. J'en profite pour saluer sa petite-fille, Astrid, qui a eu le courage de reprendre la généalogie faite par feue sa grand-mère et qui, tout comme moi, a bien besoin de cachets pour les nerfs afin d'arriver à mettre l'arbre généalogique familial en forme.

 

Ah... Sacrés ancêtres !... et cousins !... et oncles !... et etc.

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 12:23

Récemment j’ai reçu le n°197 de la Revue Française de Généalogie et j’ai notamment trouvé intéressant l’article nommé « Portrait-robot des généalogistes » qui évoque l’enquête commandée par genealogie.com à l’anthropologue Dominique Desjeux.

 

Je n’étais pas du tout au courant de cette recherche. Il faut dire que je débarque... du Maroc où j’étais quelque peu coupé du monde et surtout de la généalogie. Alors que je pensais simplement écrire à propos de cet article et de cette enquête, j’ai pu voir qu’une polémique avait enflé à son propos. Un édito de Vosges Matin, sans grand intérêt, arguant que le généalogiste a une addiction à sa passion comme Barney et l’alcool (ou l’autre Barney et les demoiselles).

 

600px-Barney_Gumble.png

Barney, un généalogiste qui s'ignore?

 

Il est dommage qu’un journaliste évoque un sujet qu’il ne connait visiblement pas à partir d’une étude qu’il n’a pas dû lire attentivement ; mais il est malheureusement fréquent de lire des articles de journalistes n’ayant pas lu une étude ou un ouvrage (sur ce point, j’en ai eu la preuve ce matin même en lisant un ecritique d’Atlas Shrugged écrite par un journaliste de l’Express qui fait des contresens sur l’histoire, un peu comme si j’écrivais que Harry Potter était une femme transformiste vivant à Jakarta).

 

Mais je ne vais pas m’attarder à essayer de démontrer que le monsieur de Vosges Matin a tort. Je voulais parler de cette étude parce que dans le compte-rendu rédigé par V.T. (Véronique Tison ?), je n’ai pas eu l’impression de m’y reconnaitre ; contrairement à l’étude en elle-même avec de bons passages. Mais un article ne peut pas tout contenir.

 

Les généalogistes un peu avisés (et non pas avinés !) et ayant un peu de bouteille (...) connaissaient finalement ces résultats à l’avance, mais peut-être de manière inconsciente. Il me parait logique que les classes démunis et les « de Machin de la Truc sur Bidule » ne s’intéressent que peu à leurs origines, car n’ayant pas le même besoin de « voir en arrière » puisque leur histoire peut leur paraître linéaire pour les premiers et déjà connue pour les seconds. Cependant, je ne l’aurai pas formulé ainsi sans cette étude. Elle a donc aussi cet avantage de nous permettre d’identifier clairement ce que l’on soupçonnait ou « savait » sans le formuler convenablement.

 

On peut comprendre que cette étude ne parle guère des plus jeunes d’entre nous, puisque nous ne représentons pas un très grand pourcentage de cette population. Pourtant, c’est un sujet qui mériterait d’être abordé de manière approfondie et plus « scientifique » : Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi de plus en plus de jeunes gens voire d’enfants s’intéressent à la généalogie ? Quels sont les éléments, les événements, les contextes qui ont poussés des hommes et des femmes qui sont encore à l’école ou qui entrent à peine dans la vie active à s’intéresser à une activité toujours perçue comme une « activité de retraités » ?

 

Plusieurs faits peuvent nous pousser à réfléchir sur la question (humblement, cela va de soi). Déjà, au plus le temps passe, au plus nous nous éloignons de l’exode rural et donc du souvenir de nos aïeux ayant quitté leurs campagnes (ou pas !). C’est par exemple mon cas. Je suis né en 1987, je n’ai pas encore de cheveux blancs et, du côté maternel, certains ont quitté leur village il y a plus de 160 ans. Ma grand-mère, elle, savait (et sait) toujours que sa famille maternelle est niçoise et sa famille paternelle valenciennoise ; elle est plus proche de ces vagues de migrations et sait donc mieux d’où elle vient. Nous, jeunes gens, avons un voire deux siècles derrière nous depuis le déracinement de nos ancêtres et cela est d’autant plus vrai lorsque nous sommes nés et habitons dans une grande ville, plus impersonnelle et où les relations familiales sont plus compliquées car plus distantes (géographiquement en premier lieu) et dissoutes dans la masse urbaine. D’ailleurs, l’étude montre bien que les jeunes généalogistes (moins de 35 ans) cherchent leurs origines à 44.20% contre 19.10% pour les plus de 65 ans. Mais cela explique-t-il tout ? Je ne le crois pas.

 

Notre génération des 15-35 ans est pratiquement née avec un ordinateur dans les mains et écrit plus vite sur un clavier qu’avec ces étranges choses que l’on nomme stylo-plume. Avec l’avènement de l’Internet est venu l’avènement des passions ; si vous êtes passionné de bouchons de bouteilles de vins polonais des années 1930, vous pourrez converser avec d’autres personnes sur Internet. Et c’est la même chose pour la généalogie et encore plus avec des sites comme Geneanet et désormais les archives en ligne. Autrement dit, pour une population active, le fait de pouvoir chercher un ancêtre en Haute-Marne alors que vous vivez dans le Finistère n’est plus un problème similaire à la même situation vingt ans auparavant. Quelques clics et vous voici en train de chercher ce Monsieur Dupont à Suzannecourt. Nous n’avons pas plus de temps qu’avant mais, comme l’avion nous permet de voyager plus que du temps de la calèche, Internet nous permet de faire de la généalogie comme certains jouent au football pour se détendre. De plus en plus jeune, nous pouvons partir en quête de nos aïeux ; et avouez qu’il est aussi plus facile pour un lycéen de naviguer sur un site internet que de demander à ses parents de lui payer une semaine à Dolomieu en Isère pour ouvrir d’anciens registres.

 

Certains vont pourtant voir dans la pratique de la généalogie une « réaction » à notre temps, un passéisme voire un côté « vieille droite qui veut se prouver être français de souche ». Il m’est arrivé d’entendre ce genre de remarque mais jamais à mon encontre ; il faut dire qu’avec mon nom qui fleure bon l’Italie je ne puis prétendre à un tel statut. Il ne me semble pas que les jeunes généalogistes pratiquent cette activité pour s’enfuir du temps présent.

 

Je suis assez d’accord avec le constat empirique de l’étude qui dit que les classes moyennes étant en mouvement social, il y a un plus grand désir de savoir d’où l’on vient et ce, couplé au déracinement de nos villages d’antan peut pousser de jeunes gens à s’intéresser à cette pratique.

L’étude nous dit qu’il y a plusieurs déclencheurs dont le plus important est la réunion de famille (18.80% des déclenchements) ; certainement pour savoir pourquoi votre mère appelle Tante Suzanne « ma chère cousine ». Outre la curiosité, déclencheur assez naturel, on remarque que le décès arrive en troisième position (17%), mais a priori cela ne concerne pas les jeunes (espérons pour eux). En lisant les informations de cette étude, je me suis demandé si je me reconnaissais dans ce portrait-robot. Comme dit au tout début de cet article, la réponse est non. Beaucoup d’éléments me concernent mais ils sont presque toujours en minorité.

 

Outre l’âge dont je viens de parler longuement, l’élément déclencheur qui me concerne ne concerne que 4% des généalogistes. J’ai commencé à l’âge de douze ans car j’avais une option « histoire » au collège qui s’est axée sur la généalogie et je me suis intéressé à la mienne en partie grâce à ce cours, mais surtout grâce aux archives familiales contenant déjà de nombreux essais généalogiques avec pas moins de cinq personnes s’y étant déjà intéressées avec plus ou moins de résultats. J’ai donc commencé ainsi, par une fusion des généalogies familiales du côté de mon père et de ma mère. Ces généalogistes avaient leurs propres motivations : ma mère avait fait la généalogie de mon père à ma naissance pour une transmission (motivation qui touche un tiers des chercheurs), une de mes cousines pour connaître mieux ses origines (motivation de 23.6% des généalogistes) car ses parents étaient cousins, un autre de mes cousins car il était né posthume et  voulait honorer la famille de son père, un autre cousin avait fait la généalogie de sa femme (ma cousine) et enfin ma grand-tante dont l’élément déclencheur était administratif (0.60% des déclenchements seulement) car, son mari étant juif, elle a dû prouver aux nazis qu’elle ne l’était pas. Autant cette étude du Professeur Desjeux est intéressante, autant on voit que nous avons tous des déclencheurs variés et des motivations variées. Ma motivation ? Elle a évolué, tout comme j’ai grandi et j’ai l’impression que cette évolution est bien plus rapide lorsque l’on commence jeune. Au départ, j’ai voulu savoir d’où je venais, puis par les travaux d’une cousine, qui étaient ces nobles gens dont l’ascendance remontait aux calendes grecques, sans oublier le stade de la généalogie purement historique sans lien avec ma famille pour arriver, aujourd’hui, à seulement 23 ans à travailler dans le but de transmettre. La transmission est plus importante chez les moins de 35 ans que ce que je pensais (16.30%) puisque, dans certains éclairs de lucidité, je me dis que tout de même, à 23 ans, célibataire et sans enfant (et sans même avoir fini mes études !), vouloir transmettre quelque chose peut paraître étrange. Est-ce trop tôt ?

 

Mais la question de la transmission ne concerne pas seulement nos (futurs) enfants et petits-enfants ; la transmission peut se faire dans le sens inverse. Ainsi, le « type B » décrit dans l’étude, le généalogiste qui transmet, qui partage ses résultats et notamment en famille est le « type » dominant (43% des généalogistes sur les trois types présentés) et cette catégorie est d’autant plus importante que les liens familiaux sont forts. C’est par exemple mon cas et la transmission ne se fait pas auprès de mes enfants imaginaires, mais auprès de mes parents, de ma grand-mère ou encore de mes cousins. C’est pourquoi je pense que la transmission n’a pas d’âge et que, lorsque l’on a une famille, la transmission peut se faire entre frère et sœur, entre l’enfant et les parents voire entre les petits-enfants  et les grands-parents. Chez les moins de 35 ans, la transmission aux générations futures existe et peut être une motivation majeure, mais pourquoi ? Pour un peu changer, je vais prendre mon exemple, celui que je connais encore le mieux. Le désir de transmission aux futures générations peut être « spontané », c’est-à-dire qu’il peut venir du généalogiste qui va découvrir ce besoin, mais il peut être aussi « acquis » depuis longtemps. On m’a toujours beaucoup parlé de notre famille et ces paroles étaient incarnées par des objets, par du tangible : un tableau, des photos, des objets divers, des livres, des archives privées. Ces objets ont été transmis et j’ai toujours eu le sentiment qu’ils me seront confiés un jour, non pour en jouir mais pour les conserver au nom de mes ancêtres et les transmettre à mes descendants au nom de leurs aïeux. Et chacun apporte sa pierre à l’édifice, son cadeau aux futures générations. Ainsi ai-je toujours eu ce sentiment de transmission malgré un jeune âge et désormais la généalogie est perçue comme ma pierre la plus importante à cet imposant édifice.

 

En conclusion, je dirais, comme cela a été noté dans l'étude, que la généalogie touche des populations variées. C'est une passion qui arrive à dépasser le milieu social, l'âge et le sexe; il est donc d'autant plus difficile d'esquisser un portrait-robot commun à cette espèce hétérogène. Les travaux du professeur Desjeux ont le mérite d'éclaircir le sujet grâce à une approche universitaire. Bien sûr, il est fort improbable que l'on arrive un jour à faire un seul portrait pour tous les généalogistes et c'est aussi, à mon sens, ce qui fait le charme de cette activité; discuter avec des personnes dont l'âge est différent, le milieu social, les origines, mais aussi les tendances politiques (contrairement à l'idée reçue évoquée plus haut, l'équilibre entre les opinions politiques existe en généalogie) le niveau d'études (45% ont fait des études supérieures et 45% le brevet, BEP ou CAP). Au plus on creuse la question, au plus on se rend compte que la généalogie est un virus qui ne fait aucune différence entre les individus et tout comme l'exemple du jeune Clément dans le même numéro de La Revue Française de Généalogie, des amis viennent me voir pour discuter de généalogie et souhaitent s'y initier.

 

Et vous, vous sentez-vous proche de cette étude ? Que vous inspire-t-elle ? Comment percevez-vous les nouvelles générations de généalogistes?

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 08:36

Après une longue absence sur ce blog due à une plus forte concentration sur le dépouillement et la méthode, je me suis décidé à faire évoluer la mienne et donc à en parler.

 

Avant cela, voici les mises à jour du site. Les dernières mises à jour concernent sur Valdeblore toutes les naissances, mariages et décès de la période républicaine ainsi que l’année 1808. Quant à Roure ces sont l’intégralité des mariages de 1814 à 1859 qui sont désormais en ligne ainsi que les baptêmes de 1814 à 1831. Enfin, St Sauveur, sur l’arbre des familles, contient désormais les naissances et mariages de 1806 à 1815.

 

Mais revenons à la méthode de dépouillement.

 

Je n’ai pas commencé au sein d’une association qui aurait déjà eu sa propre méthodologie et au départ, mon travail était un peu anarchique. Cela peut passer lorsque l’on travaille sur une seule commune, mais lorsque, comme actuellement, on travaille sur trois villages et sur deux supports (un dépouillement classique puis une « mise en arbre » d’une autre), la méthode est nécessaire si l’on veut si retrouver.

 

 

Par où commencer un dépouillement ?


Certains ont peut-être remarqué que lorsque je commence un village, je débute par 1861. Pourquoi cette date ? Simplement parce que c’est le début de la période française, qui dure encore aujourd’hui. Avant cela, nous avions la période sarde de 1814 à 1860, et avant encore la période révolutionnaire et de l’Empire de 1793 à 1813 et encore avant la période italienne. Bref, autant dire qu’il faut faire un choix. J’ai essayé de commencer par le début à St Sauveur sur Tinée (milieu du XVIIIe) mais le problème est double :

 

-          - L’écriture de l’acte est à peu près lisible mais par contre, quand on ne connait pas les patronymes de la commune, les erreurs peuvent être fréquentes sur ces derniers

-          - L’orthographe des patronymes est très changeante, varie suivant les prêtres puis les officiers d’Etat-Civil puis encore les prêtres... et les signatures sont encore très rares

 

Pour cela, j’ai décidé de commencer en 1861 car tout y est plutôt facile. En général les registres des naissances, mariages et décès sont séparés, mais pas à l’époque des registres paroissiaux du XVIIIe et d’avant ce qui permet de se concentrer sur chaque type d’acte. Je fais donc une période entière des mariages, de 1861 jusqu’au début du XXe, puis je change de type d’acte, privilégiant d’abord les naissances puis les décès et remontant au fur et à mesure.

 

En général après avoir dépouillé l’intégrale des NMD de 1861 au début du XXe siècle, j’ai pu visualiser et retenir l’orthographe de chaque patronyme de la commune ce qui permet d’aller bien vite en remontant et surtout d’arriver à lire des actes presque illisible, devinant le patronyme des personnes concernées. Quand j’ai enfin pu revenir au début des registres paroissiaux de St Sauveur, je n’ai eu aucune difficulté de lecture sauf à de très rares endroits.

 

Je garde donc cette méthode qui marche dans mon cas, sauf dans les grandes villes où on est obligé de s’intéresser à des périodes anciennes si l’on veut faire un dépouillement intéressant en une seule vie.

 

 

Excel, Nimègue ou autre ?


C’est la question que beaucoup se posent, donc moi. Excel, c’est pratique, c’est rapide. Nimègue est spécialisé, propose plus d’entrées (qui sont déjà créées) et est compatible avec les logiciels des associations (mais Excel aussi). Cependant, j’utilise Word. C’est très mal, je sais !

 

Mais pourquoi ?

 

Je suis parti du principe que pour reconstituer des familles d’une commune, il fallait pouvoir inscrire les témoins qui ont souvent un lien de parenté permettant de résoudre quelques problèmes généalogiques. Mais on peut également trouver des mentions marginales ou des précisions sur le décès, le statut social des parents, les professions, différencier la date de l’acte, de la naissance, du baptême (pareil pour les décès), l’heure, l’adresse, le surnom... Et dans Excel, ce serait illisible, surtout si l’on y fait une colonne « Observations ».

 

De plus, Word a l’avantage certain que l’on y peut taper plus vite et avec les informations suivant leur ordre dans l’acte sans les mettre dans les cases. On gagne un temps négligeable sur un seul acte, mais sur des centaines, c’est tout à fait différent. De plus, une sortir imprimante est plus aisée.

 

Cependant pour des communes dans lesquelles j’ai fait quelques (petits) dépouillements comme à Auray, dans le Morbihan ou Nice dans les Alpes-Maritimes, avec une population importante, le format Excel me sert plus puisque, d’office, j’exclus les témoins et mentions accessoires. Si on ne le fait pas, on en aurait pour un temps fou.

 

 

Les abréviations


Elles sont, tout du moins à mon sens, presque obligatoires pour des dépouillements importants. Quand 95% d’un village a pour profession « cultivateur » et qu’on doit le répéter pour chaque protagoniste d’un acte, on en devient fou. Pareil si les personnes sont nées, décédées ou simplement domiciliée dans une commune dont on doit retaper le nom à de nombreuses reprises ; c’est encore pire lorsqu’ils viennent de Saint Sauveur sur Tinée.

 

J’utilise donc beaucoup d’abréviations comme :

-         JB = Jean Baptiste

-          Cul = Cultivateur/Cultivatrice

-          Instit = Instituteur/Institutrice

-          SS = Saint Sauveur sur Tinée

-          R = Roure ou Rimplas (l’abréviation se fait seulement dans la commune dépouillée)

-          V = Valdeblore

-          Inh = Inhumé

-          Bapt = Baptisé

-          P et M = Parrain et Marraine

-          T = Témoins

-          MM = Mention Marginale

-          Dom = Domicilié

-          Pro = Propriétaire

-          Etc, etc...

 

De même, n’imaginez pas trouver dans les dépouillements une syntaxe convenable, ni même une syntaxe tout court ! Même dans Word, on envoie les données brutes.

 

Cependant, je travaille déjà à un document Word avec les dépouillements corrigés, sans abréviations, avec de vraies phrases... Mais la publication n’est pas prévue sur du court terme, préférant d’abord proposer du travail inédit en libre-accès.

 

 

Des tables décennales ?


J’ai pris pour habitudes de faire des tables décennales, parfois pas très décennales (période républicaine, actes commençant par une année non classique comme 1744 faisant se terminer la table en 1749 pour avoir une meilleure lisibilité ensuite). Le seul problème réel pour ces tables, c’est le temps. On a parfois des tables décennales de 250 noms et encore, ce n’est pas énorme par rapport à de grandes communes, mais c’est particulièrement saoulant et répétitif. De plus, sur le modeste « site » mis à la disposition des chercheurs, ces tables prennent de la place et même sur un outil aussi basique que Frontpage, on perd du temps à créer des pages pour insérer cela.

 

Autre inconvénient, cela a tendance à me faire arrêter les dépouillements en l’année ???9, par exemple 1879 et de faire la suite plus tard, alors que sans, si je suis en forme je puis aller jusqu’en 1883 ou autre, permettant de rajouter de nouvelles années.

 

Etant donné le peu d’avantages de ces tables dans un tel dépouillement, j’ai décidé de les arrêter définitivement et de les supprimer du site. En effet, il y a un autre moyen bien plus simple et efficace de faire des recherches sur ce site.

 

 

CTRL+F


C’est le raccourci clavier pour faire une recherche dans une page (ici page web). Je vois d’ici les geeks se marrer en se disant « Bah oui, on le savait ! ». Pensez-un peu aux autres, voyons !

 

Bref, étant donné que les dépouillements sont publiés en brut dans une page web et qu’il n’y a bien entendu aucune protection contre la recherche plein texte ou le copié/collé, cette fonction « recherche » permet de taper le patronyme ou tout autre renseignement et de voir où sont les références. Par ailleurs, un conseil : faites plusieurs recherches en utilisant les variantes patronymiques. Si vous cherchez « Auvaro », il y a quelques variantes mais elles sont faciles : « Auvara », « Auvare » ; donc il est préférable de taper « Auvar ». J’ai quelques fiches des variantes patronymiques et j’essaierai de les publier (quand je les retrouverai dans mes affaires en cours de déménagement).

 

Et surtout cette fonction CTRL+F vous permet de trouver le patronyme recherchés du côté des mères de l’enfant (non référencés dans les TD), dans les témoins, les parrains et marraines, etc. Ceci est extrêmement pratique si vous cherchez à noter les relations de vos ancêtres avec le village.

 

 

Faut-il relever les témoins ?


Ca dépend. Si vous travaillez sur une grande ville, il vaut mieux éviter, il y a déjà beaucoup d’actes. Par exemple je travaille actuellement sur Auray, dans le Morbihan, et sur Nice, dans les Alpes-Maritimes. Sur Auray, j’ai commencé par relever les informations annexes mais je perdais un temps fou tant il y avait d’actes ne voyant jamais la fin du registre en cours. J’ai donc arrêté vers le centième acte relevé (je suis un peu long à la détente) et désormais, c’est bien plus rapide, surtout sur la période où je suis (période républicaine) que j’abhorre particulièrement comme vous avez déjà dû le remarquer sur ce blog, m’en plaignant sans cesse.

 

Mais sur une petite commune ? J’ambitionne de recréer les familles de communes sur l’arbre en ligne et les témoins sont la clé. On y découvre « machin » cousin germain que l’on n’avait pas réussi à relier à la famille car il manquait une année dans les registres, notre plus vieil ancêtre qui est parrain dans un acte où il est dit « fils de » ou « originaire de », etc, etc. C’est une véritable mine d’or  et pas plus tard qu’hier j’ai pu relier deux branches importantes d’une même famille.

 

Au final, le dépouillement en généalogie ne correspond pas, à mon sens, à une définition universelle, un protocole commun. C’est juste la manière qu’a le généalogiste de procéder, sa propre manière, suivant son propre but. Le dépouillement n’est pas le même suivant le but à atteindre. Il doit bien exister des manuels de dépouillements, mais j’aime bien découvrir par moi-même les écueils à éviter, trouver ma propre méthode. C’est un travail sans fin, mais c’est passionnant. Cela fait deux ans (depuis le début du mois) que je fais des dépouillements et ma méthode évolue sans cesse.

 

Et vous, quelles sont vos méthodes de dépouillement ?

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 18:38

Il y a quelques jours, Merline nous parlait de son ancêtre, noyé dans la Seine. Cela m'a fait penser à quelques cas de noyades rencontrés aux détours des registres.

 

Cela se passe à St Sauveur sur Tinée, dans les Alpes-Maritimes, au XVIIIe siècle. L'Etat-Civil est souvent peu loquace sur les raisons du décès, notamment au XIXe. Les journaux, quant à eux, après recherche (le CG du 06 a mis d'anciennes publications en ligne) ne remontent pas assez haut dans le temps et ne font pas non plus état de noyade dans la Tinée au XIXe siècle. Il faut dire que le CG06 a seulement mis en ligne les journaux francophones, chose compréhensible, mais il est évident que notre recherche est donc limitée puisqu'une grande partie de ce département était italophone, officiellement, jusqu'en 1860 inclus.

 

J'ai pu dénombrer au moins sept cas de noyade au XVIIIe siècle à St Sauveur sur Tinée et quatre au XIXe.

 

La Tinée

 

Le Conseil Général du 06, qui a fait un merveilleux travail de publication des archives, a transcrit un ouvrage de François-Emmanuel FODÉRÉ, Statistiques du département des Alpes-Maritimes. On y trouve toute une partie sur la rivière Tinée.

 

http://back.sport-decouverte.com/images/produit/10733_maxi.png

Très bien pour le rafting, mais on comprend mieux la dangerosité du lieu

 

La Tinée prend donc sa source à Saint-Dalmas-le-Selvage à l'extrême Nord-Est du département et tout au long de son parcours est alimentée par des torrents, souvent très rapides et dangereux. On apprend notamment que les rares ponts (cinq au début du XIXe) étaient particulièrement dangereux, notamment celui d'Isola qui était presque impraticable et impossible à traverser à cheval. On ne nous dit pas grand-chose à propos de celui se trouvant à Saint-Sauveur, mais il y a fort à parier que le pont n'est pas le principal lieu dans ce village où les gens sont tombés et se sont noyés.

 

La Tinée est tout à fait en bordure de Saint-Sauveur et il n'est guère encouragé de trop s'y aventurer. Depuis le XXe siècle, notamment après 1945, l'autre côté de la Tinée s'est largement construit et il y a désormais un collège et un pont bien plus sûr.

 

http://www.parcsnationaux.fr/var/pnf/storage/images/accueil/acces-direct/exposition-patrick-desgraupes/haute-tinee/71653-4-fre-FR/Haute-Tinee_imagelarge.jpg

Photo de la Haute Tinée, dans le parc du Mercantour. (Crédit: Patrick Desgraupes)

Cliquez pour agrandir

 

Les noyades 

 

Je ne vais pas vous faire de description de toutes les noyades, bien entendu. Nous nous concentrerons sur deux actes du XVIIIe.

 

noyade 1754Noyade en 1754 (Cliquez pour agrandir)

Sources: Archives diocésaines de Nice AD06 [05MI 130/001] vue n°9


En voici d'abord une transcription:

1) 1754 die decima sexta Augusti inventa est mortua

2) naufraga in puteo Regionis det ongrien territario

3) hujus loci, Angela Maria Pons ad hac paruula

4) filia Andrea pons et Maria Magdalena Lombard

5) conjugu. die sequenti sepulta est in cemeterio

6) hujus parrochia                  Ludcus Bellon prior

 

Et une traduction:

En 1754 et le seize août est trouvée morte noyée en état de putréfaction dans la région dite d'Ongran territoire de cette commune, Angèle Marie Puons de cette paroisse fille d'André Puons et de Marie Magdeleine Lombart, mariés. Le lendemain, elle a été enterrée dans le cimetière de cette paroisse

[Signé] Louis Bellon, curé

 

Quelques constatations:

- Les noms de familles ont été légèrement modifiés pour correspondre à ceux réels de la commune, Lombart et non Lombard et Puons au lieu de Pons.

- Le territoire d'Ongran n'est presque jamais cité, il s'agit certainement d'une référence au fait que Saint-Sauveur soit une ancienne seigneurie de la famille Ongran

- Le fait que les parents soient cités révèle que la personne décédée est très certainement mineure ou jeune adulte non mariée.

 

En effet, après vérification, Angèle Marie Puons s'est noyée à l'âge de deux ans, étant née le 04/04/1752.

 

Autre cas de noyade, cette fois-ci, en français, mais croyez-moi, vous préférerez celui en latin:

 

http://img227.imageshack.us/img227/9831/noyadeanvii.jpg

Noyade en l'an VII.

Cliquez pour agrandir (l'image est lourde, pour une meilleure définition)

Sources: Archives diocésaines de Nice AD06 [05MI 130/001] vue n°7

 

Je me suis essayé à une transcription (avec corrections), mais il reste quelques blancs:

1) Aujourd'hui vingt messidor an septième de la République française au sept

2) heures du soir devant moi François Maissa agent municipal de la

3) commune de St Sauveur département des alpes maritimes canton de valdeblore

4) en la maison commune sont comparus les citoyens françois dominique

5) dallures de la commune de ... vingt neuf ans, négociant

6) et Baptiste fighirese de la commune de Lantosque laboureur de ...

7) âgé de vingt deux ans; lesquels ont déclaré à moi agent municipal

8) que Antoine Masseille âgé de trente ans domicilié dans la commune

9) de Lantosque à l'occasion particulière était occupé à travailler dans

10) le vallon pour le jardinage des bois, le même, le treize du courant

11) s'est noyé dans ledit vallon à la vue de tous les autres

12) ouvriers en nombre de vingt environ, et ensuite

13) ce ... et lui, a causé la mort; n'ayant pas même

14) pu le retrouver jusqu'à aujourd'hui. Lequel ils ont fait

15 transporter dans ce lieu d'après cette déclaration. Je me suis

16) transporté au lieu où le même a été remisé dans la chapelle

17) des ci-devant pénitents. Je me suis rassuré du décès et

18) ... du dit Antoine Masseille et, j'en ai dressé le présent

19) acte que j'ai signé avec le dit dallures et le fighirese

20) n'a pas signé pour ne pas savoir écrire.

 

En somme, nous avons là un étranger à la commune, venu pour travailler dans les périlleux vallons de la Tinée et qui suite à un accident s'est noyé. Il est également terrible de voir qu'il a fallu une semaine pour retrouver son corps.

A propos de terrible, l'écriture de cet acte l'est. Presque illisible, on peut mettre en partie en cause le papier qui fait baver l'encre, cette dernière transparaissant de l'autre côté de la page. Cependant, l'auteur de l'acte n'est pas en reste, entre l'encre, certainement la plume et son écriture, on a de quoi s'esquinter les yeux.

Le pire? Le monsieur qui a écrit cet acte, François Maïssa... eh bien, c'est mon ancêtre. Cela fait une bonne excuse si l'on me reproche une écriture illisible: "C'est dans mes gènes!"

 

Pour revenir aux noyades, je souhaiterais rendre un petit hommage à ces pauvres personnes qui ont dû souffrir abominablement lors de cette mort tragique. Voici donc la liste des noyés de la Tinée et du Vallon de Mollières, trouvés à ce jour dans les registres:

- Jean Baptiste CIAIS, noyé le 06/05/1754 à l'âge de 45 ans

- Angèle Marie PUONS, noyée le 16/08/1754 à l'âge de 2 ans

- Marie Magdeleine LOQUES, noyée le 31/01/1756 à l'âge de 25 ans

- Barthélémy MASSEGLIA, noyé le 17/07/1758 à l'âge de 35 ans

- Martin BONAUD, noyé le 01/07/1761 à un âge non connu

- Louis Jean Baptiste BERGONT, noyé le 16/07/1761 à l'âge de 4 ans

- Antoine MASSEILLE, noyé le 13 messidor an VII à l'âge de 30 ans

- Pierre CARDON, noyé le 26/05/1803 à l'âge de 40 ans environ

- Jean Baptiste PUONS, noyé le 21 floréal an XIII à l'âge de 30 ans

- Joseph BOAS, noyé le 22/06/1811 à l'âge de 50 ans environ

- Andrea (André) BANES noyé le 24/05/1839 à l'âge de 28 ans

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 12:32

 Il est de ces familles et de ces époques où le sort s'acharne sur plusieurs générations. Ce fut le cas de la famille Morlot dont je suis issu par mon arrière-grand-mère Suzanne Claude LOMBARD née MORLOT. Mais il est d'abord important de présenter les protagonistes pour mieux en comprendre l'histoire.

 

La famille Morlot est originaire de Thonnance-lès-Joinville, petit village de Haute-Marne où l'essentiel de l'activité se trouvait dans la culture de la vigne. Mes ancêtres s'étaient un peu enrichis, devenus propriétaires et entrepreneurs et avec l'exode rural, ils quittèrent cette bourgade pour rejoindre la grande ville, Marseille, vers 1845.

 

Catherine BARBIER, veuve de Nicolas MORLOT partit avec ses deux fils Philippe Louis et Claude Frumence. Ce dernier, mon ancêtre, devint propriétaire et teneur de livres, c'est-à-dire qu'il était commis chez un négociant et s'occupait des registres de ventes et d'achats. Les deux frères épousèrent deux soeurs de la famille Gaudin, originaire du sud depuis au moins sept générations.

 

Claude Frumence eut deux fils, dont les naissances sont espacées de dix ans. A ce jour, je ne connais personne d'autre de la fratie et aucune mention n'en a jamais été faite dans la famille et par les généalogistes familiaux. Mon arrière x2 grand-père, Raoul Louis fut l'aîné et Frumence Léon fut le cadet né en 1866 contre 1856 pour le premier.

 

Devenu négociant, Raoul Louis épousa en 1884, à l'âge de 28 ans, Anna Elisa Félicie MAÏSSA, de neuf ans sa cadette fille d'un représentant de commerce. Le couple MORLOT/MAÏSSA eut d'abord Suzanne Claude née en 1885 puis Auguste Jules né en 1887.

 

Et c'est à cette époque que de nombreuses vies ont basculé.

 

       raoulMorlotAnna-Maissa-copie.jpg

Raoul Louis MORLOT et sa femme Anna Elisa Félicie MAÏSSA

 

Le 8 juillet 1888 à 13h, Raoul Louis MORLOT décède. On ne connait pas les causes du décès; la légende familiale parle de la grippe espagnole, mais celle-ci s'étant produite en 1918, j'ai bien du mal à y croire...

EDIT: Suite au commentaire de Merline, j'ai appronfondi le sujet; il y eut de nombreuses épidémies à Marseille et notamment le choléra de 1881 à 1896.

 

Il laisse donc ses deux enfants, dont Auguste qui n'a même pas deux ans à sa femme, Anna, devenue veuve à 23 ans, et aux parents MORLOT.

 

Mais le 17 janvier 1890 à 20h, c'est au tour d'Anna MAÏSSA d'expirer, à l'âge de 24 ans. C'est ainsi que Suzanne, 4 ans 1/2 et Auguste 2 1/2 deviennent orphelins de père et de mère.

 

Entre la mort des deux parents, Claude Frumence MORLOT modifia son testament. Je n'en connais pas la raison; une dispute avec sa belle-fille? Quoiqu'il en soit, d'après feu mon cousin Robert "Bob" MORLOT, il fut conseillé par son fils cadet Frumence Léon. Ce testament fut donc écrit le 25/07/1889 et dont voici la retranscription, n'ayant pas de scanner actuellement pour vous en mettre une reproduction:

 

Ceci est mon testament

 

Je donne & lègue à Frumence

Léon Morlot mon fils le tiers par

préciput et hors part de tous les

biens qui composeront ma succession

y compris les sommes que j'ai données

à mon fils Raoul Morlot et que

ses héritiers seront tenus de rapporter

à ma succession.

 

Marseille, le vingt cinq juillet

mil huit cent quatre vingt neuf

 

[signé] Morlot

 

Un an, presque jour pour jour après le décès de son fils, Claude Frumence MORLOT déshérite totalement ses petits-enfants et exige même d'eux qu'ils remboursent l'argent que leur grand-père a pu donner à leur père.

 

Orphelins très jeunes, il leur fallait un tuteur. Claude Frumence, leur grand-père, et Julie GAUDIN, leur grand-mère, étaient totalement indifférents au sort des enfants. Ils n'en voulaient pas. Ce fut donc l'oncle Frumence Léon à qui l'on donna la garde. Mais il est à se demander si c'était la meilleure chose à faire. Il fut particulièrement méchant avec ses neveux, mais on ne sait pas jusqu'où c'est allé.

 

Il s'est débarassé des enfants en les envoyant en pension et, ce qui fut encore plus dramatique pour eux, ils furent séparés. Ils ne pouvaient se voir que rarement mais avaient l'un pour l'autre une affection sans bornes.

 

Voici le début d'un poème qu'Auguste, alors âgé de 18 ans, écrivit à sa soeur le 16 avril 1905:

 

Le frère à la soeur

 

L'oiseau, dans la nature, a un père, une mère;

Le lion, le vautour, le chacal, la panthère

Ont aussi des parents qui cherchent leur pâture

Quand, étant encore trop petits, la nature

Leur refuse les armes dont ils auraient besoin.

Tandis que dans leur nid leur mère les allaite

Nous, orphelins contrairement aux bêtes

N'avons pas de parents qui de nous s'intéressent

N'ayant rien sur la terre, tous les autres nous laissent.

Pourtant, un grand amour nous unit tous les deux

Et, le frère à la soeur, envoie toujours des voeux

De joie, de bonheur et de prospérité

Qui de la soeur au frère sont toujours rejetés.

Sans cet amour si ferme et si bien mérité

Que l'un à lautre nous nous sommes portés

Je ne sais pas si seuls, malheureux et perdus sur la terre

Nous pourrions vivre encore en n'ayant pas de père.

 

Suzanne MORLOT a joué pendant longtemps le rôle de mère, elle était la seule attache d'Auguste, l'inverse étant également vrai.

 

Suzanne-Morlot.jpg

Suzanne MORLOT

 

Puis ils ont grandi, se sont mariés, Suzanne avec Charles LOMBARD, un officier mécanicien et Auguste avec Elise SABATIER. Moins d'une semaine après le mariage d'Auguste, la première guerre mondiale éclata et il dut partir au front.

 

Il eut une fille qui naquit le 08/07/1915 et qu'il nomma naturellement Suzanne, comme sa soeur. Il écrivit de nombreuses lettres depuis le front, s'"inquiétant du sort de sa femme, de sa fille mais également de la famille de sa soeur, mariée depuis 1909 et déjà mère de trois enfants. Il voulait un fils également, comme le montre cette lettre datée du 27/07/1916 qu'il envoya à sa femme: "Embrasse bien mon petit André [ndlr: le fils aîné de sa soeur Suzanne], aide Suzanne à lui donner une éducation. Que Charles n'ait plus qu'à continuer, ce gros veinard qui a un fils".

 

En 1917, Elise SABATIER tombe à nouveau enceinte. Un garçon peut-être? Auguste MORLOT, toujours sur le front était chargé avec le 173e Régiment d'Infanterie d'aller enlever aux ennemis l'observatoire de la côte du Talou à Verdun qui permettait aux allemands d'avoir des vues sur les arrières de l'armée française. Avec les autres combattants français, sous une pluie d'obus, ils reprirent la côte. Et toujours sous les obus, il assura sa mission d'observation. Il fut tué là, le 20 août 1917.

 

Auguste Morlot 2

Auguste MORLOT (cliquez dessus pour l'agrandir)

 

Lui qui voulait un fils, il en eut un. Robert "Bob" MORLOT naquit onze jours après la mort de son père, le 31 août 1917. Bob fut généalogiste faisant revivre son père et ses aïeuls qu'il ne pût jamais connaitre.

 

Toutes les bonnes choses ont une fin, dit-on. Heureusement, les mauvaises choses aussi. La vie ne fut pas facile pour Elise MORLOT née SABATIER, veuve à 24 ans avec deux enfants. Elle les éleva, seule, ne se remaria jamais et fut d'un courage exemplaire. Mais Elise pouvait compter sur Suzanne et son mari Charles. Les enfants d'Auguste grandirent avec leurs cousins LOMBARD, leurs six cousins.

 

Cette fois-ci, la famille était là pour aider des orphelins.

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