La quoi ?
La reconnaissance de dot passe par une quittance où l'époux reconnaît avoir touché l'argent (ou les biens) de la dot de sa femme.
Je vous vois déjà lever les yeux au ciel en vous disant : mais les quittances, y a rien dedans ! Oh, non, et nous verrons dans un prochain article le contenu des quittances et leur utilité. En attendant, intéressons-nous à la quittance de reconnaissance de dot avec en premier lieu, un exemple transcrit dans notre orthographe moderne :
Quittance de reconnaissance de dot pour Anne Silvestre femme de Pierre Durand
L'an mil six cent soixante et le onzième
jour du mois de septembre après midi établi
en la personne par devant moi notaire royal soussigné
et témoins Pierre Durand maître
tailleur d'habits de ce lieu de La Tour
d'Aigues mari et maître de la dot et
droits de Anne Silvestre de ce dit
lieu de son gré au dit nom a confessé
et confesse avoir reçu avant le
présent de maître François Silvestre
son beau-père présent stipulant
savoir la somme de cent livres
faisant trente troisièmes vingt
sols et ce en déduction et à compte
de la dot constituée par ledit Silvestre
à ladite Anne sa fille tant par
lui que Honorade Constans sa
femme et mère d'icelle Anne à son
contrat de mariage reçu par moi
le dixième août mil six cent
cinquante cinq et d'icelle la quitte
en bonne et due forme et icelle
dite somme de cent livres ledit
Durand a assuré et reconnu à sa dite
femme absente sur tous ses biens
et droits présent et à venir avec
promesse le tout rendre restituer
à qui de droit appartiendra avenant
le cas de restitution non autrement
et la présente les parties ont
promis agréé sans y contrevenir
à peine de tous dépens dommages
et intérêts et sous l'obligation de
ses biens présents et
à venir à toutes cours en forme
ainsi l'ont juré et requis acte
fait et publié audit La Tour
d'Aigues dans ma maison présents
maître Jean Icard dudit La Tour
d'Aigues et maître Jean Clapier de
La Bastide des Jourdans témoins
à ce requis et qu'y a su écrire
sousssigné
Qu'apprend-on dans cet acte ?
Les parties
Déjà, pour le généalogiste, si reconnaissance de dot il y a, alors mariage il y eut ! Le mariage est antérieur à la date de l'acte (1660) et eut lieu entre Anne Silvestre et Pierre Durand. On va voir plus loin qu'on a une précision ô combien importante sur le mariage. L'époux est maître tailleur d'habits, la profession étant peu souvent indiquée dans les BMS de l'époque. Mieux encore, cette reconnaissance de dot date d'une époque où les registres paroissiaux de La Tour d'Aigues sont manquants !
Les filiations
Nous avons ici la filiation de l'épouse, fille de François Silvestre et de Honorade Constans. François Silvestre est appelé « maître » et, d'après la profession de l'époux, on peut supposer qu'il était maître artisan.
Il n'y a pas la filiation de l'époux, chose assez fréquente dans ces actes. Heureusement, on a un contrat de mariage.
Le contrat de mariage
Voilà le point le plus intéressant, à mon sens, dans ce genre d'acte. Il y est fait référence à un contrat de mariage, passé devant le même notaire le 10/08/1655. Ne reste plus qu'à aller chercher l'acte dans le bon registre. Cela précise la date du mariage, probablement dans les jours qui suivirent l'acte.
Mais ce qui est le plus intéressant, c'est que la reconnaissance de dot ne se fait pas forcément que s'il y a eu contrat de mariage. Il peut très bien y avoir eu un accord au mariage, sans contrat écrit, et ensuite l'époux passe cet acte de quittance.
Ainsi la quittance de reconnaissance de dot peut pallier partiellement à l'absence d'un contrat de mariage.
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