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22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 14:09

La quoi ?

 

La reconnaissance de dot passe par une quittance où l'époux reconnaît avoir touché l'argent (ou les biens) de la dot de sa femme.

 

Je vous vois déjà lever les yeux au ciel en vous disant : mais les quittances, y a rien dedans ! Oh, non, et nous verrons dans un prochain article le contenu des quittances et leur utilité. En attendant, intéressons-nous à la quittance de reconnaissance de dot avec en premier lieu, un exemple transcrit dans notre orthographe moderne :

 

Quittance de reconnaissance de dot pour Anne Silvestre femme de Pierre Durand

 

L'an mil six cent soixante et le onzième

jour du mois de septembre après midi établi

en la personne par devant moi notaire royal soussigné

et témoins Pierre Durand maître

tailleur d'habits de ce lieu de La Tour

d'Aigues mari et maître de la dot et

droits de Anne Silvestre de ce dit

lieu de son gré au dit nom a confessé

et confesse avoir reçu avant le

présent de maître François Silvestre

son beau-père présent stipulant

savoir la somme de cent livres

faisant trente troisièmes vingt

sols et ce en déduction et à compte

de la dot constituée par ledit Silvestre

à ladite Anne sa fille tant par

lui que Honorade Constans sa

femme et mère d'icelle Anne à son

contrat de mariage reçu par moi

le dixième août mil six cent

cinquante cinq et d'icelle la quitte

en bonne et due forme et icelle

dite somme de cent livres ledit

Durand a assuré et reconnu à sa dite

femme absente sur tous ses biens

et droits présent et à venir avec

promesse le tout rendre restituer

à qui de droit appartiendra avenant

le cas de restitution non autrement

et la présente les parties ont

promis agréé sans y contrevenir

à peine de tous dépens dommages

et intérêts et sous l'obligation de

ses biens présents et

à venir à toutes cours en forme

ainsi l'ont juré et requis acte

fait et publié audit La Tour

d'Aigues dans ma maison présents

maître Jean Icard dudit La Tour

d'Aigues et maître Jean Clapier de

La Bastide des Jourdans témoins

à ce requis et qu'y a su écrire

sousssigné 

 

Qu'apprend-on dans cet acte ?

 

Les parties

 

Déjà, pour le généalogiste, si reconnaissance de dot il y a, alors mariage il y eut ! Le mariage est antérieur à la date de l'acte (1660) et eut lieu entre Anne Silvestre et Pierre Durand. On va voir plus loin qu'on a une précision ô combien importante sur le mariage. L'époux est maître tailleur d'habits, la profession étant peu souvent indiquée dans les BMS de l'époque. Mieux encore, cette reconnaissance de dot date d'une époque où les registres paroissiaux de La Tour d'Aigues sont manquants !

 

Les filiations

 

Nous avons ici la filiation de l'épouse, fille de François Silvestre et de Honorade Constans. François Silvestre est appelé « maître » et, d'après la profession de l'époux, on peut supposer qu'il était maître artisan.

Il n'y a pas la filiation de l'époux, chose assez fréquente dans ces actes. Heureusement, on a un contrat de mariage.

 

Le contrat de mariage

 

Voilà le point le plus intéressant, à mon sens, dans ce genre d'acte. Il y est fait référence à un contrat de mariage, passé devant le même notaire le 10/08/1655. Ne reste plus qu'à aller chercher l'acte dans le bon registre. Cela précise la date du mariage, probablement dans les jours qui suivirent l'acte.

Mais ce qui est le plus intéressant, c'est que la reconnaissance de dot ne se fait pas forcément que s'il y a eu contrat de mariage. Il peut très bien y avoir eu un accord au mariage, sans contrat écrit, et ensuite l'époux passe cet acte de quittance.

Ainsi la quittance de reconnaissance de dot peut pallier partiellement à l'absence d'un contrat de mariage.

 

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Chez les notaires : la mègerie

Chez les notaires : le contrat de mariage

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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 09:17

Aujourd'hui, penchons-nous sur un acte assez peu fréquent mais ô combien intéressant : la mègerie ou le bail à cheptel. Il consiste en le prêt, pour une durée déterminée, d'un troupeau. On le baille pendant x années à d'autres personnes. Cela permet au bailleur de ne pas avoir à le gérer et à constituer une rente et au preneur (celui qui prend le troupeau) de ne pas avoir à investir dans un cheptel.

 

Un grand merci à Nicolas Lawriw pour être repassé sur cette transcription et avoir comblé les trous !

 

Exemple de mègerie [Les mots en gras renvoient au lexique] :


Mègerie pour maître Jean Gueidan avocat contre Antoine et Salomon Lombard

 

L'an mil six cent soixante huit

et le vingt neuf jour du présent mois

d'octobre avant midi constitué en sa personne

en présence de moi notaire royal soussigné et

témoins sous nommés maître Jean Gueidan

avocat en la cour lequel de son gré a baillé

à droit à mièges à Salomon et

Antoine Lombard frères de La Bastidonne

de Saveric présent acceptant et stipulant

savoir est trois trenteniers neuf bêtes

lanudes consistant tant en moutons nouveaux

fedes que anouges pour le temps et

terme de cinq années du jourd'hui

comptable et à tel et semblable jour

finissant lesdites cinq années échues ans

pacte que lesdits Lombard seront

tenus comme faire [se doit], se promettant de faire

garder ledit bétail par un bon gardien

et le conduire en bon père de famille

pendant le susdit temps la laine

dudit bétail se partagera annuellement

par égales parts au tondedou le

tondeur sera payé par lesdits Lombard

ou payé par le susdit Gueidan seront iceux obligés de donner tous

les ans au susdit Gueidan une livre

fromage pour chaque fede de port et

des accouchements trois pour deux payables

annuellement à chaque jour et fête Saint

Jean Baptiste Bon et recevable le

premier paiement se fera au jour

et fête Saint Jean Baptiste prochain et ainsi

continuant à pareil jour durant lesdits

cinq années et en cas de

seront [tenus] esdits Lombards de représenter

la peau, sera le susdit maître Gueidan obligé

de donner tous les ans ausdits

Lombard six cosses sel qui

seront obligés de donner au susdit

bétail pour la part concernant ledit

maître Gueidan et en la fin desdites cinq années

le susdit bétail et le croît en provenant

sera partagé par moitié et tout le

contenu au présent acte lesdites parties

ont promis avoir agréé observer et n'y

contrevenir sous les obligations

réciproquement de leurs biens que pour

cet effet ont soumis à toutes cours

ainsi l'ont promis et juré renoncé

et requis a été fait et publié audit

La Tour d'Aigues terroir dudit

La Bastidonne de Saveric et dans la Bastide

desdits Lombard du quartier du Réal en

présence d'Antoine Ginies marchand

dudit La Bastidonne et Simon Crest d'Ansouis

berger desdits Lombard témoins à ce

requis et soussignés qui a su et

ledit Salomon Lombard a dit

ne savoir écrire de ce enquis

 

Les parties 

 

D'un côté un avocat, maître Gueidan, donc un homme très aisé, et de l'autre, deux frères, Antoine et Salomon Lombard. Salomon, par son prénom, indique une origine protestante (qui est confirmée par les actes, par ailleurs). Tous deux sont ménagers. Ils vivent à La Bastidonne, commune entre La Tour d'Aigues où est passé l'acte, et Pertuis. Plus bas, on apprend que l'acte a été publié à « La Bastide des Lombard du quartier du Réal » ; les Lombard possédaient donc une bastide dans le quartier du Réal, quartier qui existe toujours.

 

Les bêtes 

 

Combien de bêtes ? « trois trenteniers neuf » , c'est-à-dire trois trentaines neuf, soit quatre-vingt-dix-neuf bêtes, plus précisément des moutons nouveaux, des brebis et des agneaux nouveaux-nés.

 

Les conditions 

 

Le prêt a lieu pendant cinq ans et la laine se répartie par moitié entre maître Gueidan et les Lombard. Le partage se fera au tondedou. C'est ce que je lis et pourtant ce mot ne semble pas exister. Je pense qu'il s'agit du moment de la tonte. 

Une livre de fromage doit être donnéé à maître Gueidan pour chaque brebis prête à porter des nouveau-nés et dès l'accouchement trois livres pour deux (probablement nouveau-nés)

Le paiement se fait à la fête Saint Jean Baptiste, donc le 24 juin.

Tous les ans, maître Gueidan devra donner aux Lombard six cosses de sel pour le bétail.

 

En cas de perte du troupeau

 

En général, la clause est prévue. Que se passe-t-il si le troupeau entier meurt? C'est probablement la clause qui prévoit que les Lombard devront présenter la peau, certainement comme preuve de la mort de la bête.

 

Et à la fin du bail ?

 

À la fin du bail, on se partage le croît, c'est-à-dire les nouveau-nés. On fait 50/50 dans ce cas. Cela permet aux parties d'augmenter leur troupeau, ledit Gueidan pouvant accroître son troupeau et lesdits Lombard le leur.

 

Les témoins

 

Ah ! ah ! J'avais dit qu'ils étaient importants et voici la preuve.

Antoine Ginies et Simon Crest sont témoins. Ce dernier est berger des Lombard et l'on peut aisément comprendre à quel point il était nécessaire qu'il comprît bien le rôle qu'il aurait à tenir dans le bail en cours. Quant à Antoine Ginies, il s'agit du futur beau-père du fils de Salomon. Les liens entre les Ginies et les Lombard de La Tour d'Aigues sont étroits et nous verrons dans un article ultérieur que cela créa même une tension entre un fils d'Antoine Ginies et les Lombard.

 

En conclusion : À quoi ça sert ?

 

Qui ose ?!

Cet acte nous (vous) servira à mieux comprendre la vie de nos (vos) aïeux. En résumé, on y apprend que les frères Lombard travaillaient ensemble, que maître Gueidan possédait un cheptel, quelles étaient les conditions du bail, pendant combien de temps, etc. On en apprend beaucoup grâce à un simple acte qui ne paie pas de mine.

On suppose que les Lombard ont préféré louer du bétail plutôt que l'acheter, afin d'économiser, voire parce qu'ils n'en avaient pas les moyens. C'est assez difficile de pencher pour l'une ou l'autre des hypothèses si l'on compare avec les censiers du Nord, locataires de terres et préférant ne pas devenir propriétaire.

Lorsque l'on tombe sur un acte d'un de nos ancêtres, il nous faut l'étudier car, nous ne sommes jamais à l'abri d'écrire une histoire de la famille. La mègerie est un acte parmi d'autres chez les notaires, mais comme chacun d'eux, il est important car il dévoile une partie de la vie de nos aïeux ; il sert aussi l'historien, soit le professionnel, soit l'amateur, en révélant les conditions de vie et de bail des ruraux de jadis.

 

Lexique des termes :

 

Sur proposition, voici un petit lexique des termes techniques et provençaux contenus dans cet acte.

 

Anouges : Agneaux de l'année

 

Cosse :  Unité de mesure

 

Croît : Nouveau-nés durant la période où le cheptel est gardé.

 

Fede : Signifie « brebis » en provençal

 

Lanudes : Laineuses

 

Miège : Signifie « à moitié » ; de là vient, semble-t-il, la mègerie, le partage du troupeau (l'un le possède, l'autre le garde et l'on se partage les fruits du troupeau).

 

Tondedou : Probablement la tonte

 

Trenteniers : Trentaine

 

... : Ce mot, difficilement lisible (Nicolas lit Mournicque ou Mourviegue, ce qui est mieux que moi qui ne lis rien) pourrait signifier la « mort »


 

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Chez les notaires : Le contrat de mariage

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 14:17

Voilà une nouvelle rubrique que j'espère récurrente et qui visera à explorer un acte issu des archives notariales. Trop souvent peu exploitées, ces archives sont pourtant une mine d'informations sur la vie de nos aïeux. Nous allons voir, à chaque fois, un acte d'un contenu différent, aujourd'hui un contrat de mariage puis les autres fois un testament, une quittance, une dette, une mègerie, un inventaire après décès, un codicille, etc.

Mon but est de montrer la richesse de ce fonds. Dans un premier temps, nous transcrirons un acte avec une orthographe moderne pour le lecteur et, dans un second temps, nous tenterons de l'analyser. Cette annonce de plan, peu sexy comme diraient mes anciens camarades en marketing, est cependant nécessaire à la compréhension de notre but.

 

Mariage entre Pierre Ricard et Marguerite Estienne

 

L'an mil sept cent quarante huit et le onze

février après midi par devant nous notaire royal à la

Tour d'Aigues soussigné présent les témoins

furent présents Pierre Ricard ménager fils

d'Honoré et de Marie Anne Gabriel tous

dudit lieu d'une part et Marguerite

Estienne fille de feu Joseph et de Marguerite Silvestre tous

de ce dit lieu d'autre lesquels, de leur gré due et mutuelle

stipulation intervenants contractant en la

présence du vouloir et consentement savoir la dite

Estienne de sa dite mère et le dit Ricard de ses dit père et

mère et tous les deux de plusieurs autres leurs parents, et

amis ont promis et promettent se prendre et s'épouser l'un

l'autre en vrai et légitime mariage et icelui solemniser

en face de notre sainte mère l'Église catholique apostolique

romaine ainsi que les fidèles chrétiens sont tenus et

ont coutume de faire dès lors que l'une des parties par l'autre

sera requise par … exprès, mais parce que la dot est le

propre patrimoine des femmes et se constitue au nom

pour la femme à ce que les charges du mariage se puissent

plus facilement supporter à cette cause constitue la

dite Marguerite Estienne future épouse laquelle de son

gré s'est assignée et constituée en dot et pour elle au dit

Ricard son futur époux, tous et un chacun ses biens

et droits présents et à venir qui consistent quant

à présent en la somme de septante huit livres au

prix des meubles et … de la dite future épouse

à ce estimés par amis communs que les dits Ricard père et fils

ont déclaré avoir reçu dudit Jean Arnaud Estienne

son aïeul avant le présent acte ainsi qu'ils ont dit et

les quittant, et en une saumée de terre située en ce terroir

quartier du Revest à prendre du côté de la terre de Simon et

Pierre Pardigon confrontant la Dray Jacques Richaud et a été

évaluée à deux cent livres et soumise sous la main

directe du seigneur baron de ce lieu aux cens et services

qu'elle se trouvera faire franche aux dits futurs mariés de

tous arrérages de tailles, cens et autres dettes jusqu'à ce

jourd'hui et de laquelle en jouiront dès la consommation

du présent mariage, du consentement dudit Jean

Arnaud Estienne son dit aïeul, pour le recouvrement

desquels droits elle a fait et constituer son procureur général

et irrévocable son dit futur époux pour en jouir comme

de causes dotales à son plaisir et volonté, avec

promesse de par lesdits Ricard père et fils d'assurer et

reconnaître au profit de la dite future épouse tout

ce qu'ils exigeront et recouvreront de sa dot et droits

comme en effet ils l'ont assuré et reconnu sur tous

ses biens présents et à venir les dites septante huit

livres au prix des susdits meubles et de rendre et

restituer le tout à qui de droit en cas de restitution arrivant

les habits nuptiaux ont été faits aux communs de part

des parties et toujours ici présent ledit Honoré

Ricard lequel de son gré ayant le présent mariage

pour agréable en faveur et contemplation d'icelui

a fait donation au dit Pierre Ricard son fils

acceptant d'une terre en ce terroir quartier de Saint Vincent

de la contenance d'environ deux emynes et demi confrontant

Jaques Barruou Jean Richaud, Françoise Panisset et autres

et d'une terre ce même terroir quartier de Pouspeine

de la contenance d'environ quatre eymines confrontant

André Durant, André Escoffier Honoré Agnel et autres

soumis sous la main directe du seigneur baron

de ce lieu aux cens et services qu'elles se trouveront

faire et qui lui seront francs de tous arrérage de tailles

cens et autres dettes jusqu'au jour de leur séparation

et outre ce a promis et promet de nourrir et

entretenir son dit fils femme et famille sains et

malades dans sa maison à son égal en travaillant

par iceux au profit et avantage de la maison

et en jouissant par ledit Ricard père de la dot de

la dite future épouse et susdite donation par lui

ci-dessus faite et en cas d'insupport a promis de

lui désemparer tout ce qu'il aura reçu de la dite

dot et droits et susdits biens par lui ci-dessus donnés

ensemble une chambre au troisième étage de sa

maison six draps de lit douze chemises et six

nappes, évalués lesdits biens à cent cinquante livres

et le dit cas d'insupport arrivant dès maintenant

comme pour lors l'a habilité et habilite le déclare

capable de négocier et faire ses affaires à part sans

son assistance l'un faisant donation de ses acquets

et conquets fruit et revenu d'iceux et pour …

de ce les parties ont promis observent accomplir sans

y contrevenir sous l'obligation de leurs biens à toutes

cours ainsi  tout juré renonce et requis acte fait et

publié au dit La Tour d'Aigues et dans la maison du

dit Estienne où on été présents Nicolas Meit et Jean Sauvat

de ce lieu témoins requis et soussignés les parties illettrées. 

 

Qu'apprend-on dans ce contrat ?

 

Les filiations

 

Tout d'abord, les classiques filiations. Elles sont importantes en généalogie et le chercheur sait que lorsque les registres paroissiaux manquent, il peut le plus souvent compter sur les archives notariales pour combler les lacunes.

Ici on apprend que Pierre Ricard est fils de Honoré et de Marie Anne Gabriel et que l'épouse, Marguerite Estienne est fille de feu Joseph et de Marguerite Silvestre. Le décès du père nous permet d'apprendre l'identité du grand-père, toujours en vie, Jean Arnaud Estienne. D'où l'importance, lorsqu'on lit un contrat de mariage, d'aller jusqu'au bout et de ne pas se concentrer uniquement sur la filiation première.

 

La profession

 

La profession de l'époux est « ménager ». Qu'est-ce ? Il s'agissait d'un petit propriétaire terrien. Propriétaire de cinq à quarante hectares (sacrée fourchette !), il était au sommet de le chaîne agricole, en-deçà du laboureur suivant les régions. Retenons simplement qu'il s'agissait d'un propriétaire relativement aisé pour le monde rural. Cela n'empêche pas Pierre Ricard d'être illettré, ne sachant pas écrire son nom. Gageons, mesdames et messieurs, qu'il savait compter !

 

La dot

 

Très importante, cette information permet de noter la richesse du couple. Soixante-dix-huit livres de dot en meubles pour l'épouse, soit une somme convenable. Première information, c'est elle qui constitue sa propre dot. Deuxième information, rien ne semble venir de la mère de l'épouse. Cependant, le grand-père, Jean Arnaud Estienne, donne une terre.

 

Les terres

 

Pas toujours présentes dans les contrats, elles sont cependant fréquentes dans le monde rural où l'on donne des terres, notamment à l'époux de la part de ses parents, afin de permettre l'installation du couple. Là, une terre évaluée à deux cent livres est offerte par le grand-père de l'épouse, représentant une saumée de terre soit environ 0.8 hectare où l'on peut semer du blé. Le père de l'époux donne deux terres, une de deux eymines et demi et l'autre de quatre eymines. L'émine valait entre sept et huit acres, les terres faisait donc, environ, huit hectares pour la première et treize hectares pour l'autre en prenant la mesure : 1 émine = 8 acres.

 

Le domicile

 

Voilà un point qui est presque toujours abordé. Où vivra le couple ? Comme à l'accoutumée, le couple s'installe chez les parents de l'époux, où les époux travailleront au bien de la maison entière en échange d'un toit et de nourriture. Bref, la femme est rattachée à la famille de l'époux.

 

L'insupport

 

Encore une clause fréquente dans le contrat lorsque les époux s'installent chez les parents de l'un d'eux. Que faire si l'on ne se supporte plus ? Le père est là fort généreux car il rend la dot de l'épouse, laisse les terres données à son fils et, en plus, leur donne une chambre au troisième étage de sa maison avec du linge « six draps de lit douze chemises et six nappes, évalués lesdits biens à cent cinquante livres » et autorise son fils à négocier sans son accord, le libérant de la tutelle paternelle.

 

Les témoins

 

Je n'insisterai jamais assez dessus : les témoins sont importants… Sauf ici. On peut toutefois noter qu'un descendant des mariés épousa une descendante de Jean Sauvat. Des fois, les témoins peuvent être davantage intéressants et nous le verrons à l'avenir.

 

Le contrat de mariage est l'acte classique chez les notaires et nous devions l'étudier. Il recelle de nombreuses richesses pour construire l'histoire de sa famille. Il établit les filiations, les biens des époux au mariages, les futurs voisins de terres et toutes sortes de clauses. Ainsi ai-je rencontré un mariage entre un protestant et une catholique où il est inclus, dans une clause, que l'époux ne doit pas forcer sa femme à se convertir au protestantisme.

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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 17:31

En tant que généalogistes, nous avons souvent affaire à des actes (enfin, je vous le souhaite!). Nous trouvons l'acte de mariage d'un ancêtre, le baptême d'un lointain oncle ou le décès d'une cousine. Souvent alors, nous prenons une copie de l'acte, nous le classons, et nous mettons dans notre arbre généalogique: Marie Dupont + 07/08/1738 à Clochemerle.
On se dit qu'on a fait du bon travail. Pas forcément. Tout dépend de ce que l'on cherche à faire avec son arbre généalogique. Mon but est d'écrire la vie de mes ancêtres et chaque acte est une étape dans la rédaction d'une biographie de cette branche. Mais pour pouvoir un jour avoir de la matière sans être submergé par les actes innombrables, il me faut extraire les informations de cet acte et les placer aux bons endroits. Plus encore, il faut, lorsque je reverrai ces informations, pouvoir en retrouver l'origine exacte.
Ce billet s'adresse donc en priorité à ceux qui cherchent une méthode pour faire une généalogie à but historique et qui ne savent pas comment s'y prendre. Il s'agit donc de ma méthode qui est loin d'être universelle, car bien que portant le portant le nom d'un apôtre, ce dernier n'ayant pas écrit d'évangile, ma parole est bien égale à la vôtre!

Etudions le dernier acte que j'ai eu à explorer. Le baptême d'une "tante" au XVIIIe siècle, dans le Nord. Voici l'acte:

Baptême Flory Julie JoséphineSource: Archives Départementales du Nord - Valenciennes paroisse Saint-Nicolas

(cliquez pour agrandir)


Première réaction: je gémis. De gros pâtés. Je ne préconise jamais de recopier tous les actes en sa possession (sauf ceux hors des registres paroissiaux et d'état-civil, comme les actes notariés et autres ou les actes sortant de l'ordinaire); l'utilité étant plus que limitée voire quasi-nulle lorsque l'on sort les informations du document et qu'on les place au bon endroit. Mais dans ce cas, cela peut être un confort supplémentaire. Donc, tout d'abord, si vous vous retrouvez face à un acte difficilement lisible: retranscrivez-le. Cela permet de s'attarder sur les mots et d'imposer un rythme lent qui sera nécessaire. Pour la transcription, le modèle est simple: respecter tant que possible l'orthographe d'origine et sauter la ligne en même temps que le curé pour savoir où chaque mot est placé (profitons-en pour numéroter les lignes).

Voici une transcription (où j'ai rajouté les accents par pur confort de lecture):
1) L'an mil sept cent cinquante huit le cincq avril fut
2) baptisée par nous Druest(?) prêtre grand clercq de cette
3) paroisse Julie Joséphine, née le jour précédent à six
4) heures du matin ci derrière la rue des Dominiques, fille de
5) mr Jean Baptiste Joseph Régis Flory marchand et de delle
6) Jeanne Catherine Proost sa légitime épouse. fut parrain
7) mr François Joseph Tribout marchand de la paroisse S.
8) Géry rue cardon fut marraine Delle Anne Joseph
9) Chauvin, marchande de la paroisse de la Chaussée, rue
10) Cambray. le père présent ont signé comme s'ensuit
Signatures: Tribout, JB Flory, Chauvin


On repère les informations habituelles: date du baptême, prénom du nouveau-né, noms et prénoms des parents. Bref, comme d'habitude. On a donc Julie Joséphine Flory, baptisée le 05/04/1758 fille de Jean Baptiste Joseph Régis et de Jeanne Catherine Proost. Mais ça ne suffit pas; en tout cas, ça ne me suffit pas.

Le père (qui a presque autant de prénoms qu'un Bourbon) a devant son nom l'abbréviation "mr", signifiant monsieur. Mon logiciel de généalogie me permettant de créer des "titres" je l'ajoute et je vois qu'il avait déjà été qualifié de "sieur". Cette information permet de noter que cette personne est un notable, ainsi que son épouse qualifiée de "delle" (demoiselle). En effet, les qualificatifs de ce genre marquent la notabilité (et non pas la noblesse!) sous l'Ancien Régime. Attention cependant si vous traitez un acte du XIXe où l'on emploie monsieur comme aujourd'hui, l'adressant à tout homme; je le précise car j'ai remarqué que de nombreux arbres l'insèrent en "titre"; un "monsieur" au XIXe peut très bien être un journalier et une "demoiselle" une lingère. Cela fausse votre étude.
Une fois le titre noté, on remarque aussi que Jean Baptiste Flory est marchand. On inscrit souvent dans l'espace réservé la profession. Je vous vois déjà écrire: Marchand. Ah non! Si ça se trouve, dans un acte de 1760, il y aura écrit "papetier" ou "censier" ou n'importe quoi d'autre. Dans ce cas, quand vous voudrez écrire l'histoire de cette personne, comment ferez-vous pour savoir à quel moment il a eu tel ou tel métier? Comme les logiciels ne sont pas tous adaptés, j'utilise l'encart "Notes". J'inscris "Profession:" et la ligne en-dessous je mets trois informations:
1. Année de l'acte
2. Profession
3. Source
Dans ce cas, dans mes notes il est écrit: 1758: Marchand (Acte de baptême de Julie Joséphine Flory le 05/04/1758 à Valenciennes paroisse Saint-Nicolas)
Et je remarque qu'en 1807 (cinquante ans plus tard!), il est écrit "Propriétaire" signifiant qu'il a arrêté d'exercer et qu'il vit de ses rentes. Ainsi, vous pourrez suivre au plus près l'évolution professionnelle de votre aïeul, d'année en année (suivant le nombre et la qualité des actes), vous permettant d'établir des fourchettes temporelles. Si vous ne le faites pas, il vous faudra relire tous vos actes et vous en oublierez beaucoup (notamment, si une information se trouve dans le baptême d'un cousin dont il est le parrain)!

Revenons sur la fiche du nouveau-né. Julie Joséphine a été baptisée le 5 mais est née la veille. Cette information n'échappera à personne. J'ai l'habitude de rajouter pour la naissance, l'heure. A priori, cela ne semble servir à rien, mais cela peut vous permettre, éventuellement, d'ajouter un petit plus dans la rédaction de votre biographie (A l'aube naquit Julie Joséphine, blablabla). Cela peut aussi aider si la mère meurt en couche ou l'enfant quelques heures plus tard, apportant de fait des précisions. Vous pouvez faire de même avec le nom du prêtre. Cependant je ne le fais pas sauf dans deux cas: Tout d'abord, si c'est un homme particulièrement important qui baptise l'enfant (un évêque ou autre) et surtout je le fais si le nom m'est familier, car il peut y avoir un lien. Je vais éviter de faire une digression tout de suite (même si c'est ma spécialité) et y revenir plus loin.
Dans certains logiciels, vous pouvez noter les résidences de vos ancêtres. Faites-le! En tant que descendant de militaires, je vous assure même que c'est indispensable. En tant que descendant de ces marchands du Nord, je vous assure... que c'est indispensable aussi. Dans cette même ville de Valenciennes où naquit Julie Joséphine, je notais, au hasard d'un acte, qu'un de mes ancêtres avait vécu rue Askièvre. Il y vivait au XVIIIe. Cette rue existe toujours. Cela nous permet de localiser approximativement le quartier où vivaient nos ancêtres. Et quand bien même la rue n'existerait plus, il en existera toujours des traces dans les archives. Vous pourrez apprendre dans quel milieu vivaient vos ancêtres et écrire un ou deux paragraphes sur l'histoire de la rue (les changements de noms, les guerres, les magasins, etc) qui rendront davantage lisible l'histoire de nos ancêtres qu'un "Julie Joséphine est née le 4, baptisée le 5... après j'en sais rien"

Vous pensez que c'est terminé? Non! N'oublions pas le parrain et la marraine. Et là, j'en vois certains bougonner: "Ils n'ont pas les mêmes noms, il n'y a pas de liens de parenté, ça ne sert à rien!". Rhooo! Relisez: De l'utilité des témoins. Ensuite, créons une fiche pour le parrain et pour la marraine. Les logiciels permettent la création automatique de fiches lors de l'ajout de témoins. Ce faisant, nous n'oublierons pas pour eux le signe de notabilité, la profession, et l'adresse (précisez la paroisse quand vous la connaissez).

Désormais, vous êtes fatigué, moi aussi et vous vous apprêtez à partir sur autre chose... Attendez un instant! Lisons les derniers mots: "le père présent, ont signé comme s'ensuit". Oui, le père et les témoins signent. Comme nous avons récupéré l'acte, nous récupérons la signature de chaque personne (témoins compris). J'ai créé un dossier, au nom original de "Signatures" qui contient les signatures (!) récupérées dans mes recherches. Je remarque que j'ai déjà trois fois la signature de Jean Baptiste Flory. Je prends celle-ci aussi. Pourquoi? Déjà parce qu'elle est peut-être plus jolie que les fois précédentes mais aussi parce qu'il peut y avoir des changements. L'un des frères de Julie Joséphine signait très souvent et il y a une évolution dans sa signature: elle devient de plus en plus tremblotante. On peut donc supposer une maladie ou une infirmité qui apparaît avec l'âge. Avec les signatures récoltées, nous pouvons aussi illustrer l'histoire de ces ancêtres.
Je vous ai parlé des cas où je note le nom du prêtre. Et cette histoire de signature est le moment idéal pour l'aborder car je puis comprendre que l'on soit sceptique face à la collection de signatures. Les parents de Jean Baptiste se marient et ce n'est pas le prêtre de la paroisse qui célèbre l'église, mais un certain Jean Flory, curé de Sebourg. J'apprends aussi grâce à d'autres actes que ledit curé de Sebourg est le frère du marié. Je note tout ceci, le prêtre signe, je prends sa signature et je passe à autre chose. Les mois passent et je travaille dans une toute autre commune du département, sur une branche différente. Je suis content car je trouve un acte tant attendu. Je commence à lire l'acte et là, que vois-je? le prêtre est un certain Jean Flory. Je ris en me disant que c'est amusant d'avoir un prêtre qui porte le même nom que mon prêtre. Puis je suis saisi d'un doute. Je regarde l'époque et celle de mon Jean Flory et ça coïncide. Mais il ne faut pas se précipiter, il faut établir une preuve tangible: est-ce oui ou non la même personne? C'est un peu gros comme une maison et le "peut-être" ne me satisfait pas. Et c'est là que les signatures sont utiles: je compare les deux signatures pour démêler cette histoire. Les signatures sont absolument identiques. Il s'agit de la même personne. Ainsi ai-je de quoi raconter, ajouter des informations qui plairont à mes cousins lecteurs. Sans la signature, j'aurais été dans le doute. Et sans avoir pris le temps de noter toutes les informations sur la première apparition de ce curé, je n'aurais pas forcément été capable de retrouver l'acte concerné.

Petit point pour terminer sur cet acte de baptême. Quand je dis qu'il est important de noter les parrains et les marraines, en voici une preuve: la marraine Anne Joseph Chauvin est marchande et vit rue Cambray sur la paroisse de la Chaussée de Valenciennes. Julie Joséphine Flory a un grand frère, Pierre Melchior. Son parrain se trouve être un certain Pierre Joseph Chauvin, marchand domicilié rue Cambray sur la paroisse de la Chaussée de Valenciennes. Ayant relevé l'acte de baptême de Pierre Melchior il y a plus d'un an, j'avais oublié qui était son parrain (normal!) mais grâce aux saisies complètes, son nom est apparu quand j'ai créé la fiche d'Anne Joseph Chauvin. Il ne me reste plus qu'à établir leur parenté (frère/soeur, père/fille, époux/épouse) et je puis les considérer comme une famille proche des Flory.

Pierre Joseph Chauvin ficheFiche de Pierre Joseph Chauvin issue de Geneanet

 

En conclusion, ce mode opératoire prend du temps et cela peut en effrayer plus d'un, notamment lorsque l'on travaille sur des actes du XIXe très riches en renseignements. Pour donner une idée, avec cette méthode, il faut une demi-heure pour traiter un acte de mariage du XIXe si vous êtes aguerri. A terme, on gagne de nombreuses heures de recherches fastidieuses et surtout (presque) aucune information ne vous échappera. Les étapes décrites ci-dessus m'ont été d'une aide infinie lors de la rédaction de divers articles pour mon premier livre paru l'an dernier (que personne ne peut acheter puisque c'est un tirage à but exclusivement familial... contenant des articles qui n'intéresseront que la famille). Des fois, je l'avoue, j'ai la flemme de faire tout ce que je vous décris. Alors que faire lorsque l'on s'auto-diagnostique une flémingite aigüe? Vous pouvez éventuellement faire comme moi: avoir un cahier sur lequel vous notez vos petites recherches et trouvailles, les descriptions d'actes, les numéros de vue des registres en ligne que vous entrerez dans votre arbre quand vous aurez bu une fiole de courage.

Bonnes recherches!

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 17:51

Il y a quelques temps, j'avais publié un article sur l'utilité des archives judiciaires. Aujourd'hui, j'écris sur l'utilité des témoins.

 

Pourquoi?

 

Parce que je vous vois! Oui, vous! ô généalogistes; je vous vois les négliger, de pas les citer sur vos arbres en ligne. Beaucoup s'abstiennent de noter que trucmuche est témoin ou parrain de telle ou telle personne. Pourquoi? Parce qu'il n'est pas noté "grand-père de l'enfant". Pourtant, les témoins sont indispensables à la généalogie, même lorsqu'ils ne sont pas de la famille. Ils nous en apprennent beaucoup et les noter, c'est les garder de côté pour le jour où vous pourrez assouvir l'ambition ultime: écrire l'histoire de votre famille. Voici quelques exemples.

 

En 1894 naquit ma cousine Zoé Récipon fille du célèbre sculpteur parisien Georges Récipon. Son père et sa mère, Valentine Monchicourt, artiste peintre, vivaient au 38 rue Boileau dans le XVIe arrondissement. Si je vous parle de Zoé, c'est qu'à sa naissance, fut témoin Charles Lenoir autre sculpteur parisien. Georges Récipon fréquentait donc ses confrères. Mieux encore, Charles Lenoir vivait à la même adresse que les Récipon. Voisin, collègue de travail et certainement ami.

 

Recipon-Georges-par-Robert-Charlie-1905.jpgGeorges Récipon par Robert Charlie (1905)

 

En 1901, les Récipon avaient déménagé plusieurs fois et s'installèrent au 53 rue de Vaugirard, dans le VIe arrondissement. Cette année-là naquit leur fille Suzanne et furent témoins Eugène Duveau et Lucien Gibert, deux mouleurs, certainement collègues de Georges Récipon montrant à nouveau les liens étroits entres gens de la même profession. Mieux encore, ils vivaient eux aussi au 53 rue de Vaugirard. Cela montre bien qu'il y avait, sinon des quartiers, du moins des immeubles d'artistes dans Paris dès la fin du XIXe - début XXe.

Ces témoins ont l'utilité de me permettre d'écrire l'histoire des Récipon que je vous conterai peut-être prochainement.

 

Mais les témoins peuvent avoir d'autres utilités comme une personne revenant souvent dans les actes d'une même famille ce qui peut signifier un lien d'amitié. Attention toutefois à ne pas prendre pour "proche" un témoin qui est présent dans presque tous les actes d'une commune; c'est souvent parce qu'il s'agit d'un lettré comme l'instituteur au XIXe.

 

Enfin, le témoin peut enlever une épine généalogique du pied. Exemple. Je vous ai parlé dans plusieurs articles des Lombard, ces ancêtres récalcitrants. J'ai fini par retrouver le mariage de Salomon Lombard et de Louise Martin en 1673, mais je n'arrivais pas à trouver le mariage de son fils, Antoine, avec Anne Ginies. Je supposai donc qu'elle naquit ailleurs. Oui, mais où? Dans de nombreux actes sont mentionnés des Ginies signifiant leur lien fort avec les Lombard. Et dans l'acte de mariage de Salomon et de Louise, je trouvai la mention d'un Ginies domicilié à La Bastidonne, petit village voisin de La Tour d'Aigues. Je cherchai donc le mariage là-bas et le trouvai après quelques instants de recherche. Tout cela grâce à un témoin sans lien de parenté apparent sinon le patronyme.

 

Mon conseil du jour est donc simple: Notez les témoins, créez pour eux des fiches et utilisez-les au maximum; ils peuvent être d'un grand secours pour débloquer une branche ou pour écrire l'histoire de votre famille.

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 12:28

Il y a deux mois, Grégory Rhit a publié un article sur la généalogie à l'école que je viens de lire avec attention. Il prône un enseignement de cette discipline et bien que je ne sois pas d'accord avec tout l'article, je partage son point de vue sur la mise en place de la généalogie à l'école.

La généalogie est fortement liée à une discipline déjà existante en histoire: la microstoria ou micro-histoire qui est l'étude des individus, de villes et villages. Bref, elle n'est pas la classique histoire événementielle (1515: Marignan), ni l'histoire des "grands hommes"; elle est celle des petites gens.

 

Enseigner la micro-histoire à l'école

 

En étudiant un village ou simplement une personne, on fait de la microhistoire. Cela ne veut pas dire, au contraire, que l’on n’inscrit pas cette étude dans son contexte, dans l’histoire événementielle.

 

Il fut un temps (non, pas jadis, juste quand j’y étais, c’est-à-dire de 09/1993 à 06/2005) où les programmes d’histoire du primaire à la Terminale étaient redondants. On étudiait à peu près toutes les périodes au primaire puis en 6e, on étudiait l’antiquité ; le Moyen-âge en 5; l’époque moderne en 4e et l’époque contemporaine en 3e. Puis arrivait le lycée avec de l’histoire thématique en seconde incluant Antiquité, Moderne et Contemporaine et à nouveau l’époque contemporaine en 1e et en Terminale (XIXe et premier XXe siècle puis second XXe). Il me semble que cette redondance soit justifiée par la possibilité d’arrêter l’école à 16 ans et pour permettre à ces jeunes gens d’avoir un maximum de connaissances. Cependant, celui qui va faire des études supérieures aura étudié l’histoire avec de nombreuses répétitions.

 

Aujourd’hui, cela a bien changé et pas en bien puisque, beaucoup sont au courant, la chronologie est peu à peu effacée des programmes pour être remplacée par la très démodée étude thématique (dont les spécialistes maîtrisaient tout de même la chronologie !) et par l’étude de royaumes fort fort lointains sans influence sur l’Europe sans oublier l’étude jusqu’à n’en plus pouvoir de l’esclavage. Mais là n’est pas la question...

 

http://www.quizz.biz/uploads/quizz/125454/4_1DtCe.jpg

En France, on étudie désormais les populations fort fort lointaines...

 

Ce qui m’intéresse ici, loin de la polémique longuement abordée ailleurs sur les bienfondés ou non de l’étude des Monomotapa, c’est d’introduire la microhistoire à l’école. Introduire la généalogie, comme beaucoup le souhaitent, est une bonne idée, mais ce n’est pas suffisant pour en faire un programme scolaire à mes yeux, a fortiori si l’on parle de collégiens voire de lycéens.

On le voit souvent dans les séries télés américaines, les jeunes lycéens étudient l’histoire de leur patelin. Rares sont les établissements en France à le faire. Pourquoi ? Est-ce parce que ceux des grandes villes n’en sont que rarement originaires ? Est-ce parce que les professeurs n’ont pas les connaissances dans ce domaine ? Est-ce parce que cela est considéré comme un enseignement « communautaire » ? N’étant pas ministre de l’instruction, je ne saurais dire ce qu’il en est.

 

Quoiqu’il en soit, certains le font et je vais vous raconter une petite histoire : Au collège, j’ai été chanceux. En 4e, on avait le choix, pour un après-midi par semaine, de choisir l’option de notre choix. Je voulais faire badminton, mais la CPE a décidé que, comme mes notes n’étaient pas assez bonnes en 5e, il fallait me punir (z’étaient pas très sympas) et je me suis retrouvé en option histoire. Un cours ! En plus des autres !

Me voilà donc dans le cours d’histoire d’une personne que je vais me permettre de nommer, et vous comprendrez pourquoi : Mme Evelyne Lyon, désormais plus connue par chez nous sous le nom de Mme Lyon-Lavaggi. Nous avons étudié l’histoire de notre quartier de Marseille : Mazargues. Autant une partie de ma famille est implantée à Marseille et ses environs depuis les plus vieilles archives notariales, autant ma famille vit à Mazargues seulement depuis les années 1940. J’aurais pu répondre à une question posée plus haut en disant que je ne pouvais être intéressé par une histoire qui ne me concernait pas totalement. Mais non, car je suis né dans ce quartier et j’y avais alors passé toute ma vie comme la majorité des collégiens. Ainsi, pendant un an ai-je eu un des meilleurs cours de ma vie, un des plus intéressants et j’ai pu étudier l’histoire qui m’était proche, me balader avec mes camarades et ma prof dans le « village », découvrir de vieux souterrains, de vieilles fresques, en apprendre plus sur ce village et par extension, faire de la généalogie, celle d’un mazarguais dont les ancêtres l’étaient aussi majoritairement. Ce fut grâce à cette dame et ma prof d’histoire de la même époque, que je suis là aujourd’hui, passionné par l’histoire et par la généalogie.

Je me suis permis de citer Mme Lyon car elle a déjà écrit de nombreux ouvrages sur Mazargues que vous pouvez acheter sur Amazon si cela vous intéresse.

Cette proximité nous permet de redécouvrir le lieu où nous vivons de voir sous un angle nouveau ces bâtiments auxquels nous ne faisons pas attention. Quelques vieux arbres plantés présents depuis des siècles sur une ancienne campagne, des légendes autour de lieux mythiques, des rues aux noms de personnalités locales, les restes des étendoirs des pêcheurs. Tout s’éclaire et jamais je n’ai vu mon quartier ainsi, et jamais je ne le verrai autrement.

 

Bref, par ce cours d’initiation à la microhistoire, moi, mais aussi mes camarades de classe, avons appris à aimer davantage notre quartier en le connaissant mieux. Et forcément, la petite histoire rencontre la grande histoire.

Je vous ai parlé il y a un an du procès des notables de Valenciennes; si on enseignait la micro-histoire aux valenciennois d’aujourd’hui, on pourrait leur faire étudier entre autres : la bourgeoisie d’Ancien Régime, l’artisanat, le négoce et croiser l’histoire événementielle : la révolution française par exemple. Quel impact sur Valenciennes ? A travers cela, on étudie outre le procès, l’invasion autrichienne, la résistance de la ville puis l’occupation et on croise d’illustres individus au détour de tout cela. Par exemple qui était ce monsieur Léonard Mathieu de Quenvignies qui reçut chez lui l’empereur d’Autriche ? Pourquoi lui ? Parce qu’il était un riche homme capable de recevoir à peu près correctement un souverain. Pourquoi était-il riche ? Car il possédait les mines de charbon d’Anzin, Fresnes et Vieux-Condé. Et cela permet ensuite d’étudier les mines de charbon dans le Nord.

 

Étudier la microhistoire, nous l’avons vu, c’est étudier ce qui nous est proche et c’est justement cet aspect, la « proximité », qui peut passionner les étudiants et les faire s’intéresser à l’histoire. Nous avons tous eu des pages de dates à apprendre par cœur, à étudier en long, en large et en travers des guerres et les élèves ne s’en sentent pas proches. Si à travers la microhistoire et la généalogie on voyait que le bisaïeul avait fait la guerre de 14-18 et le trisaïeul la guerre contre la Prusse puis la Commune, cela pourrait permettre d’impliquer davantage les élèves dans l’histoire. Qu’est-ce qu’un régiment ? Qu’est-ce que la Légion d’Honneur ? Que s’est-il passé à Verdun ?

 

Il ne faut pas oublier que la grande histoire est faite par les petites gens.

 

Étudier la généalogie: Nos ancêtres les gaulois

 

Tout cela m'amène à la généalogie. Pourquoi ne pas proposer une initiation à la généalogie? On a vu l'intérêt de la micro-histoire; quel est celui de la généalogie à l'école?

G. Rhit l'explique bien par l'apprentissage des us et coutumes de nos ancêtres. Finalement, la généalogie est un science sociale qui en traverse plusieurs: l'histoire, la géographie mais aussi la sociologie. Permettre à de jeunes élèves de s'initier à la généalogie, c'est leur permettre de développer un esprit critique envers les sources, d'en apprendre plus sur les migrations. On dit la France terre d'immigration; la généalogie peut le prouver. Rien ne sert de dire "La France a connu des vagues successives d'immigration" sans relier cela aux élèves. Je suis, personnellement, issu de familles de Marseille et du Sud en général. Il se trouve que les grandes pestes ayant décimé les populations, beaucoup d'immigrés vinrent s'installer et eurent une descendance encore largement présente. Un marseillais "de souche" est donc descendant d'italiens. Accepter cela peut permettre la réintroduction de l'instruction civique quelque peu délaissée à l'école: Pourquoi l'immigration? Comment les populations se sont-elles assimilées/intégrées au point qu'on en oublie leur passé étranger? Outre le lien avec la grande histoire, la généalogie permet de mieux comprendre le comportement des personnes, leur vie quotidienne mais aussi les grands thèmes politiques contemporains: l'immigration, la place des pauvres dans la société, le rapport à la justice, la propriété privée, l'ascension sociale, etc.

 

Au final, enseigner la généalogie et la micro-histoire, c'est permettre une ouverture intellectuelle aux jeunes générations, les intéresser à l'histoire, les ouvrir à la sociologie, à l'instruction civique, les rattacher à un territoire contrebalançant l'exode rural du XIXe et du XXe siècle. La microhistoire est même indispensable, à mon avis, au bon enseignement de la grande histoire.

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 10:24

Pour beaucoup de généalogistes, les actes d'état-civil et autres registres paroissiaux suffisent. Ils regorgent certes d'informations mais parfois, il nous manque un petit quelque chose pour débloquer une branche. On utilise alors les archives notariales, mais là non plus, ce n'est pas toujours la source qu'il nous faut.

 

Vous vous souvenez peut-être de mon article sur les Lombard, ces ancêtres réticents à se dévoiler. Après avoir continué à explorer les registres paroissiaux, je trouvais en 1728 à Pertuis le mariage de Nicolas Lombard et de Jeanne Julien. Mais voilà, je suis resté bloqué à Nicolas Lombard fils d'Antoine Lombard et d'Anne Ginies et mes recherches ascendantes dans lesdits registres jusqu'en 1693 ne me donnèrent rien. Je conclus provisoirement qu'Anne Ginies était d'un autre village et que le couple s'y était marié.

Mais alors, comment trouver le lien avec le fameux Salomon Lombard qui avait eu, jadis, un différend avec la commune de la Tour d'Aigues?

 

Lors de ma dernière exploration aux archives départementales de Vaucluse, je farfouillais dans les archives judiciaires et tombait sur l'acte dont voici la première page:

 

http://img341.imageshack.us/img341/5237/dsc01023ds.jpg

Cliquez pour agrandir

 

Il nous apprend que le 21/05/1735 fut rendu un jugement qui se basait sur le contrat de mariage d'Etienne Lourd et de Catherine Lombard. Lors de ce contrat, Salomon Lombard et Louise Martin, ont constitué à leur fille Catherine une dot de 500 livres payable en plusieurs fois. Mais à la date donnée pour le dernier versement, Salomon Lombard n'avait pas les moyens de payer. Il offrit donc une terre à la place. Cependant, Catherine Lombard décéda et ce, ab intestat, ce qui fit que ses plus proches parents héritèrent de ses biens, à savoir Louise Lombard fille de feu Joseph frère de Catherine, Simon et Anne Lombard frère et soeur de Catherine, et... un certain Nicolas Lombard fils de feu Antoine, ce dernier frère de Catherine. Le jugement rendu concerne le partage de la dot de Catherine Lombard entre les héritiers.

 

On y apprend non seulement ce démêlé judiciaire, mais aussi tout l'arbre généalogique de la famille Lombard à savoir:

I. Salomon Lombard épouse Louis Martin dont,

1. Catherine Lombard (décédée) épouse Etienne Lourd

2. Joseph (décédé) qui suit en II

3. Simon

4. Anne

5. Antoine (décédé qui suit en III)

II. Joseph dont

1. Louise

III. Antoine dont:

1. Nicolas

 

Tout cet arbre généalogique reconstitué à partir d'un seul acte est le fait de l'utilisation d'autres archives que les classiques registres paroissiaux et d'état-civil et il m'a permis de décoincer une branche. Alors, n'attendez-pas et plongez dans ces registres. N'hésitez pas non plus à me faire part de vos trouvailles dans les archives judiciaires.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 11:40

Lorsque l’on fait des recherches généalogiques, on trouve souvent un couple ou une personne un peu réfractaire, une personne qui ne veut pas être retrouvée et qui vous en fait voir des vertes et des pas mûres au point de vous demander si tout ceci est bien réel. Plusieurs exemples me viennent en tête dans mes recherches mais aujourd’hui, je vais vous présenter un cas : Les Lombard de la Tour d’Aigues.

 

Voulant pour ma mère remonter sur sa lignée agnatique, je me suis rendu à plusieurs reprises avec elle aux archives départementales de Vaucluse à Avignon. Ces archives qui étaient supposées être mises en ligne en décembre 2011 (vous avez jusqu’à samedi dernier les gars !) ont numérisé leurs registres de manière efficace. Précédemment, j’avais fait les recherches sur microfilms et avais réussi à remonter jusqu’à un certain Gaspard Lombard né en 1753, maître maçon, fils de Nicolas et de Jeanne Jullien. Alors que ma mère partait farfouiller les registres de notaires, ma mission était de récupérer certains actes paroissiaux et d’essayer de percer dans la lignée Lombard.

 

Avant d’entrer dans les détails de cette sombre affaire de cache-cache, parlons rapidement des Lombard. C’était une famille de modestes artisans de la Tour d’Aigues, petit village à l’extrême sud de Vaucluse. Ce patronyme, très courant, ne l’est pas du tout dans ce village puisqu’il n’y a qu’une seule famille et très peu de représentants de celle-ci ; j’en étais arrivé à la conclusion qu’il était fort probable que les Lombard eussent une autre origine. Mais un certain Salomon Lombard et son fils David sont référencés dans les archives communales de la Tour d’Aigues au XVIe siècle. Dans tous les cas, ils étaient toujours dans ce village en 1753 et je me suis décidé à retrouver le mariage de Nicolas Lombard et de Jeanne Jullien.

 

J’ai commencé naturellement par l’année 1753, même si le jeune Gaspard est né en mai ; en effet, on ne sait jamais, peut-être était-il prématuré ? (Expression très utilisée chez nous pour dire que la demoiselle est tombée enceinte avant le mariage)

Mais rien ; je remonte tranquillement dans les BMS et j’y trouve un grand-frère, Christophe, né le 25/7/1751 et décédé le jour même. Je continue ma recherche. Rien en 1750. En 1749, le 28 février, est née une grande-sœur Marie Magdeleine. Je me rapproche, me dis-je.

 

Que nenni !

 

Et là, après déjà plus d’une heure de recherche la tête collée contre l’ordinateur des archives après que ma mère a éclaboussé le hall en ouvrant une bouteille d’eau gazeuse qui n’a pas supporté le voyage en train, sans avoir fumé, sans même avoir un petit verre de vin pour me détendre, j’avance, page après page, jour après jour, mois après mois.

Mai 1747, un nouveau grand-frère est né, Jean François. Le mariage ne devrait plus tarder... Juillet 1745, décès d’un grand-frère, Nicolas Lombard dont je trouve l’acte de naissance en février 1744. Bon, je vais encore un peu avancer, même si fixer l’ordinateur non-stop en me concentrant sur l’écriture du prêtre me donne un peu la nausée et des vertiges. Je vais y arriver ! Je vais trouver ce mariage ! 1743, rien. Octobre 1742, naissance d’un autre grand frère, Augustin Lombard.

Je me lève de mon siège, prend ce qu’il reste de la bouteille d’eau, bois un peu et m’enfuis pour fumer une clope au bas du Palais des Papes avec la tête qui tourne. Bon, je me dis que tout de même, si c’est le cadet, il est fréquent que l’enfant soit né une dizaine d’années après le mariage et qu’après tout à chaque année terminée, je me rapprochais de cet acte de mariage.

 

Que nenni !

 

Je remonte, tranquillement, m’assois, respire un coup et reprends. 1740, naissance d’un autre grand-frère, Antoine. Mars 1739, naissance d’une grand-sœur Madeleine. Je commence à devenir fou, mon esprit vagabonde, mes yeux s’entrecroisent et je peine à lire. Un peu de motivation, et c’est reparti. 1738, rien ; 1737, septembre, décès d’une grande-sœur Marianne, âgée de deux ans. Je décide de sauter l’année 1736 et la moitié de l’année 1735 (oui, je sais, c’est pas bien).

 

http://img249.imageshack.us/img249/294/01788006photo7alamaison.jpg

Trop à la maison: Bienvenue chez les Lombard

 

Je redescends fumer, il est midi, j’y suis depuis des heures et les maux de tête sont incessants. Ca commence à bien faire et j’aperçois ma mère qui s’amuse comme une folle avec les archives notariales, trouvant des testaments, des contrats de mariages, des quittances, des créations de commerce tandis que de mon côté, j’ai des baptêmes, des sépultures et tous les mariages de la Création sauf celui que je cherche. Vous avez remarqué, c’est toujours comme ça. L’acte que vous voulez, vous ne le trouvez pas ;  des fois même, vous cherchez un acte pendant des jours, vous ne trouvez rien et le jour où vous cherchez un autre acte, vous trouvez le premier mais jamais celui pour lequel vous avez ouvert le registre. Sans oublier que vous pouvez être sûr que s’il y a une lacune entre le 20 et 22 décembre 1741 à Trifouillis-les-Oies, votre ancêtre est né le 21.

 

En somme, je ne trouve rien. J’entame donc l’année 1735 puis 1734. En février 1734, je trouve un autre grand-frère, Nicolas Lombard. 1733, rien non plus. J’ai lu dans la matinée vingt années de BMS et là, les maux de tête se transforment en nausée. Puis les années passent 1732... 1731, oh, un grand-frère, Antoine, décédé en février et âgé de deux ans. Je continue de remonter et trouver son acte de naissance en 1729. J’ai continué jusqu’en 1726... Sans résultat.

Je ne me souviens pas de l’heure ; mais il devait être 13h30 ou 14h00 et, pour ma santé mentale, j’ai laissé Nicolas Lombard et Jeanne Jullien gagner ce combat après avoir lu 28 années de BMS. Ainsi suis-je allé me consoler chez Me Rey, notaire à la résidence de la Tour d'Aigues.

Mais ce n’est que partie remise ; la prochaine fois je les aurai ces Lombard !

 

http://img593.imageshack.us/img593/4474/lombarde.jpg

Forcément , on descend toujours du dernier!

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 08:36

Après une longue absence sur ce blog due à une plus forte concentration sur le dépouillement et la méthode, je me suis décidé à faire évoluer la mienne et donc à en parler.

 

Avant cela, voici les mises à jour du site. Les dernières mises à jour concernent sur Valdeblore toutes les naissances, mariages et décès de la période républicaine ainsi que l’année 1808. Quant à Roure ces sont l’intégralité des mariages de 1814 à 1859 qui sont désormais en ligne ainsi que les baptêmes de 1814 à 1831. Enfin, St Sauveur, sur l’arbre des familles, contient désormais les naissances et mariages de 1806 à 1815.

 

Mais revenons à la méthode de dépouillement.

 

Je n’ai pas commencé au sein d’une association qui aurait déjà eu sa propre méthodologie et au départ, mon travail était un peu anarchique. Cela peut passer lorsque l’on travaille sur une seule commune, mais lorsque, comme actuellement, on travaille sur trois villages et sur deux supports (un dépouillement classique puis une « mise en arbre » d’une autre), la méthode est nécessaire si l’on veut si retrouver.

 

 

Par où commencer un dépouillement ?


Certains ont peut-être remarqué que lorsque je commence un village, je débute par 1861. Pourquoi cette date ? Simplement parce que c’est le début de la période française, qui dure encore aujourd’hui. Avant cela, nous avions la période sarde de 1814 à 1860, et avant encore la période révolutionnaire et de l’Empire de 1793 à 1813 et encore avant la période italienne. Bref, autant dire qu’il faut faire un choix. J’ai essayé de commencer par le début à St Sauveur sur Tinée (milieu du XVIIIe) mais le problème est double :

 

-          - L’écriture de l’acte est à peu près lisible mais par contre, quand on ne connait pas les patronymes de la commune, les erreurs peuvent être fréquentes sur ces derniers

-          - L’orthographe des patronymes est très changeante, varie suivant les prêtres puis les officiers d’Etat-Civil puis encore les prêtres... et les signatures sont encore très rares

 

Pour cela, j’ai décidé de commencer en 1861 car tout y est plutôt facile. En général les registres des naissances, mariages et décès sont séparés, mais pas à l’époque des registres paroissiaux du XVIIIe et d’avant ce qui permet de se concentrer sur chaque type d’acte. Je fais donc une période entière des mariages, de 1861 jusqu’au début du XXe, puis je change de type d’acte, privilégiant d’abord les naissances puis les décès et remontant au fur et à mesure.

 

En général après avoir dépouillé l’intégrale des NMD de 1861 au début du XXe siècle, j’ai pu visualiser et retenir l’orthographe de chaque patronyme de la commune ce qui permet d’aller bien vite en remontant et surtout d’arriver à lire des actes presque illisible, devinant le patronyme des personnes concernées. Quand j’ai enfin pu revenir au début des registres paroissiaux de St Sauveur, je n’ai eu aucune difficulté de lecture sauf à de très rares endroits.

 

Je garde donc cette méthode qui marche dans mon cas, sauf dans les grandes villes où on est obligé de s’intéresser à des périodes anciennes si l’on veut faire un dépouillement intéressant en une seule vie.

 

 

Excel, Nimègue ou autre ?


C’est la question que beaucoup se posent, donc moi. Excel, c’est pratique, c’est rapide. Nimègue est spécialisé, propose plus d’entrées (qui sont déjà créées) et est compatible avec les logiciels des associations (mais Excel aussi). Cependant, j’utilise Word. C’est très mal, je sais !

 

Mais pourquoi ?

 

Je suis parti du principe que pour reconstituer des familles d’une commune, il fallait pouvoir inscrire les témoins qui ont souvent un lien de parenté permettant de résoudre quelques problèmes généalogiques. Mais on peut également trouver des mentions marginales ou des précisions sur le décès, le statut social des parents, les professions, différencier la date de l’acte, de la naissance, du baptême (pareil pour les décès), l’heure, l’adresse, le surnom... Et dans Excel, ce serait illisible, surtout si l’on y fait une colonne « Observations ».

 

De plus, Word a l’avantage certain que l’on y peut taper plus vite et avec les informations suivant leur ordre dans l’acte sans les mettre dans les cases. On gagne un temps négligeable sur un seul acte, mais sur des centaines, c’est tout à fait différent. De plus, une sortir imprimante est plus aisée.

 

Cependant pour des communes dans lesquelles j’ai fait quelques (petits) dépouillements comme à Auray, dans le Morbihan ou Nice dans les Alpes-Maritimes, avec une population importante, le format Excel me sert plus puisque, d’office, j’exclus les témoins et mentions accessoires. Si on ne le fait pas, on en aurait pour un temps fou.

 

 

Les abréviations


Elles sont, tout du moins à mon sens, presque obligatoires pour des dépouillements importants. Quand 95% d’un village a pour profession « cultivateur » et qu’on doit le répéter pour chaque protagoniste d’un acte, on en devient fou. Pareil si les personnes sont nées, décédées ou simplement domiciliée dans une commune dont on doit retaper le nom à de nombreuses reprises ; c’est encore pire lorsqu’ils viennent de Saint Sauveur sur Tinée.

 

J’utilise donc beaucoup d’abréviations comme :

-         JB = Jean Baptiste

-          Cul = Cultivateur/Cultivatrice

-          Instit = Instituteur/Institutrice

-          SS = Saint Sauveur sur Tinée

-          R = Roure ou Rimplas (l’abréviation se fait seulement dans la commune dépouillée)

-          V = Valdeblore

-          Inh = Inhumé

-          Bapt = Baptisé

-          P et M = Parrain et Marraine

-          T = Témoins

-          MM = Mention Marginale

-          Dom = Domicilié

-          Pro = Propriétaire

-          Etc, etc...

 

De même, n’imaginez pas trouver dans les dépouillements une syntaxe convenable, ni même une syntaxe tout court ! Même dans Word, on envoie les données brutes.

 

Cependant, je travaille déjà à un document Word avec les dépouillements corrigés, sans abréviations, avec de vraies phrases... Mais la publication n’est pas prévue sur du court terme, préférant d’abord proposer du travail inédit en libre-accès.

 

 

Des tables décennales ?


J’ai pris pour habitudes de faire des tables décennales, parfois pas très décennales (période républicaine, actes commençant par une année non classique comme 1744 faisant se terminer la table en 1749 pour avoir une meilleure lisibilité ensuite). Le seul problème réel pour ces tables, c’est le temps. On a parfois des tables décennales de 250 noms et encore, ce n’est pas énorme par rapport à de grandes communes, mais c’est particulièrement saoulant et répétitif. De plus, sur le modeste « site » mis à la disposition des chercheurs, ces tables prennent de la place et même sur un outil aussi basique que Frontpage, on perd du temps à créer des pages pour insérer cela.

 

Autre inconvénient, cela a tendance à me faire arrêter les dépouillements en l’année ???9, par exemple 1879 et de faire la suite plus tard, alors que sans, si je suis en forme je puis aller jusqu’en 1883 ou autre, permettant de rajouter de nouvelles années.

 

Etant donné le peu d’avantages de ces tables dans un tel dépouillement, j’ai décidé de les arrêter définitivement et de les supprimer du site. En effet, il y a un autre moyen bien plus simple et efficace de faire des recherches sur ce site.

 

 

CTRL+F


C’est le raccourci clavier pour faire une recherche dans une page (ici page web). Je vois d’ici les geeks se marrer en se disant « Bah oui, on le savait ! ». Pensez-un peu aux autres, voyons !

 

Bref, étant donné que les dépouillements sont publiés en brut dans une page web et qu’il n’y a bien entendu aucune protection contre la recherche plein texte ou le copié/collé, cette fonction « recherche » permet de taper le patronyme ou tout autre renseignement et de voir où sont les références. Par ailleurs, un conseil : faites plusieurs recherches en utilisant les variantes patronymiques. Si vous cherchez « Auvaro », il y a quelques variantes mais elles sont faciles : « Auvara », « Auvare » ; donc il est préférable de taper « Auvar ». J’ai quelques fiches des variantes patronymiques et j’essaierai de les publier (quand je les retrouverai dans mes affaires en cours de déménagement).

 

Et surtout cette fonction CTRL+F vous permet de trouver le patronyme recherchés du côté des mères de l’enfant (non référencés dans les TD), dans les témoins, les parrains et marraines, etc. Ceci est extrêmement pratique si vous cherchez à noter les relations de vos ancêtres avec le village.

 

 

Faut-il relever les témoins ?


Ca dépend. Si vous travaillez sur une grande ville, il vaut mieux éviter, il y a déjà beaucoup d’actes. Par exemple je travaille actuellement sur Auray, dans le Morbihan, et sur Nice, dans les Alpes-Maritimes. Sur Auray, j’ai commencé par relever les informations annexes mais je perdais un temps fou tant il y avait d’actes ne voyant jamais la fin du registre en cours. J’ai donc arrêté vers le centième acte relevé (je suis un peu long à la détente) et désormais, c’est bien plus rapide, surtout sur la période où je suis (période républicaine) que j’abhorre particulièrement comme vous avez déjà dû le remarquer sur ce blog, m’en plaignant sans cesse.

 

Mais sur une petite commune ? J’ambitionne de recréer les familles de communes sur l’arbre en ligne et les témoins sont la clé. On y découvre « machin » cousin germain que l’on n’avait pas réussi à relier à la famille car il manquait une année dans les registres, notre plus vieil ancêtre qui est parrain dans un acte où il est dit « fils de » ou « originaire de », etc, etc. C’est une véritable mine d’or  et pas plus tard qu’hier j’ai pu relier deux branches importantes d’une même famille.

 

Au final, le dépouillement en généalogie ne correspond pas, à mon sens, à une définition universelle, un protocole commun. C’est juste la manière qu’a le généalogiste de procéder, sa propre manière, suivant son propre but. Le dépouillement n’est pas le même suivant le but à atteindre. Il doit bien exister des manuels de dépouillements, mais j’aime bien découvrir par moi-même les écueils à éviter, trouver ma propre méthode. C’est un travail sans fin, mais c’est passionnant. Cela fait deux ans (depuis le début du mois) que je fais des dépouillements et ma méthode évolue sans cesse.

 

Et vous, quelles sont vos méthodes de dépouillement ?

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 10:10

Previously on "Goddamned Ancestors!": Des villages bretons, des apostrophes, aucune trouvaille, une myopie anvancée et un drame se produisant subitement.

 

Après avoir relu rapidement l'acte de décès de Marie Cécile SÉVÉNO en 1803, je cherche celui de son père, décédé avant. Enfin, en théorie... puisque j'avais mal lu.

 

Je n'ai pas pu m'empêcher cette réflexion a posteriori: "Quel guignol ce Thomas!". Ceci n'est pas sans rappeller le billet de S. Boudarel en relation avec celui de Mistike sur être une truffe ou non.

 

A un moment ou à un autre, on finit par être une "truffe" pour reprendre cette heureuse expression. On néglige toujours quelque chose, on oublie un détail crucial, une pile d'archives nous tombe littéralement sur la tête, on ne comprend plus nos notes et dépouillons à nouveau le même registre... Dans ce cas, c'était une faute d'inattention.

 

Ah, je pouvais toujours le chercher ce décès de M. SÉVÉNO entre 1779 (date de naissance de son dernier enfant connu) et 1803. Dailleurs je l'ai cherché... A Crac'h de 1779 jusqu'en l'an III ainsi qu'en 1802, à St Gildas d'Auray de 1779 à 1790, à St Goustan d'Auray de 1788 à 1791, à Auray en 1802. Ca fait beaucoup de trous dans les recherches, mais la démarche était soigneusement notée et avait une cohérence... enfin je crois.

 

Finissant bien sûr par me rendre compte de mon erreur, après avoir épluché une trentaine d'années de sépultures/décès, je cherchai après 1803.

 

Dans ce cas, on se dit: "Bah, c'était une erreur de ma part, je vais trouver ce %£µ*$§ d'acte!".

Petite recherche à Crac'h de 1802 à 1852... Rien. Auray de 1802 à 1852? Rien. Il fut jardinier à Carnac aussi, peut-être là-bas de 1802 à 1852? Non plus. Bon j'ai trouvé à Carnac une soeur de Marie Cécile dont je n'avais pas connaissance qu'elle fût mariée.

 

deces-seveno-catherine-17pluvXI-Carnac.JPG

L'acte de décès de Catherine SÉVÉNO, soeur de Marie Cécile, le 17 PLUV an XI et épouse de Louis Le GLOAHEC

 

Mais c'est  tout. Mes ancêtres bretons m'en ont fait voir de toutes les couleurs.

 

Sacrés ancêtres, ceux-là!

 

Au prochain épisode: un oncle injurié par J. de Goncourt, un cousin par Drumont pendant qu'un ancêtre se fait pote avec L. Daudet, Vincent bouffé par les requins, l'escroc, la sorcière, le fada, "ni belle ni bonne" et les tableaux de familles qui nous "inspirent" aux toilettes.

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